Var-Matin (Grand Toulon)

« Pas digne du haut niveau »

Soulagé d’avoir gagné mais frustré par le contenu encore très alternatif de ce premier match européen, Mathieu Bastareaud appelle ses hommes à faire preuve d’un peu plus d’humilité

- PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE BERSIA

Il a fallu aller la chercher, celle-là... Oui. On s’est encore une fois rendu le match plus compliqué qu’il ne l’était. Toujours cette entame de seconde mi-temps qui nous fait mal. On est absent. Je n’ai pas d’explicatio­n. Je ne pense pas que ce soit physique. À un moment, je pense que c’est mental. Si on ne comprend pas qu’un match doit se jouer  minutes, et qu’actuelleme­nt, on n’a pas le niveau pour se permettre d’avoir un trou d’air de dix-quinze minutes, on n’ira pas loin. Alors aujourd’hui ça passe, mais ça ne passera pas toujours.

Vous jouez à vous faire peur ? On ne joue à rien du tout. Je pense qu’on souhaite tous éviter ça. On a beau se répéter que les vingt premières minutes de la deuxième mi-temps vont être très importante­s, c’est une chose de parler, mais il faut des actes. Et sur ce début de saison, ils n’y sont pas. Là, je suis un peu dur, mais il faut l’être. Si on veut grandir en tant qu’équipe et être à la hauteur de nos ambitions, on se doit de se dire les choses en face. Et là, la réalité, c’est que les dix-quinze premières minutes de la seconde mi-temps ne sont pas dignes d’une équipe de haut niveau. On n’a pas d’excuses. On va continuer à bosser, et faire preuve d’un peu plus d’humilité.

En revanche, le début de rencontre était vraiment de très bon niveau... Oui. Mais un match, c’est  minutes. C’est bien beau de faire une belle entame... Alors, c’est peut-être ça qui nous sauve le match, mais ça ne passera pas toujours. Là, on est content, c’est bien, mais il faut faire attention. Contre d’autres équipes, je pense que ça ne passera pas.

Quel était le sentiment global, du coup dans les vestiaires ? Vous étiez remontés ? Je pense qu’on était un peu frustrés. On voyait qu’il y avait la place, mais il y a des absences qui nous coûtent cher. Bon, on a gagné, quand même. On peut aussi voir les choses autrement. Et se dire qu’on a encore une marge de progressio­n assez énorme. Mais là, je suis un peu agacé, donc je suis un peu défaitiste. Avez-vous eu peur qu’ils mettent tellement de points que vous ne pourriez pas revenir ? Non. Si j’ai peur sur un terrain, je laisse ma place à un autre. Non. Je n’ai pas eu peur. J’ai quand même confiance en mes coéquipier­s.

Vous n’avez pas pensé au scénario de Bordeaux ? Bordeaux, c’est Bordeaux. C’était du passé. Non, je n’y ai pas pensé.

Être à domicile, avec ce public, ça change quelque chose ? Bien sûr. Surtout à Toulon. Avec les supporters qu’on a, ça arrange pas mal de choses. Je pense que même Leigh (Halfpenny) a été déstabilis­é, parce que d’habitude, il se fait encourager, ici. On est chanceux d’avoir des supporters comme ça. Et on leur doit plus que ce qu’on leur propose actuelleme­nt.

Malgré tout, cette victoire peut se révéler décisive dans quelques mois ? On verra. Je n’aime pas trop me projeter. Bien sûr, c’est quand même une victoire importante, à la maison, contre un sérieux prétendant à la qualificat­ion. Entre-temps, il y a un match qui nous attend à Trévise. Pour moi, ce sera un vrai match piège. Il est marqué partout qu’il faut prendre cinq points là-bas. Je pense qu’il faut un peu plus les respecter. On ira là-bas d’abord pour gagner. Je pense que maintenant, il faut faire preuve de plus d’humilité, et se remettre surtout au travail.

Les Scarlets annonçaien­t « l’enfer » en terme de vitesse et de rythme. Vous n’avez pas eu l’air de souffrir à ce point... C’est vrai que c’est une équipe qui tient beaucoup le ballon, qui tape très peu en touche, qui répète les temps de jeu. Ça leur arrive de faire des temps de jeu de troisquatr­e minutes. Ça n’a rien à voir avec le Top . Donc c’était un petit défi de tenir ça. C’est un point très positif. Mais on ne peut pas se contenter de ça.

À la fin du match, vous jouez une mêlée, alors que vous pouvez aller en touche et arrêter la rencontre. C’était pour enlever le point de bonus aux Scarlets ? Non. C’est une décision que j’assume. Ils sont un de moins en mêlée, on voulait leur mettre la pression. Après, « Facu » (Isa) se fait sanctionne­r. C’est comme ça.

Quel sentiment domine, ce soir ? C’est un peu de tout. On est frustré, parce qu’on aurait aimé faire une meilleure prestation. De la joie parce qu’on a gagné. De l’agacement parce que c’est toujours le même mal qui nous mine depuis le début de saison. Et du soulagemen­t, parce que forcément, on aurait pu passer à la trappe.

 ?? (Photos Frank Muller) ?? En bon capitaine, Mathieu Bastareaud s’est attaché à remobilise­r ses hommes lorsque le bateau toulonnais tanguait. Mais il va falloir trouver de vraies solutions aux absences des Rouge et Noir pour éviter de futures déconvenue­s.
(Photos Frank Muller) En bon capitaine, Mathieu Bastareaud s’est attaché à remobilise­r ses hommes lorsque le bateau toulonnais tanguait. Mais il va falloir trouver de vraies solutions aux absences des Rouge et Noir pour éviter de futures déconvenue­s.
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