“ articles contrefaits saisis à Brégaillon depuis le début de l’année”
L’expert Denis Martinez, directeur régional des douanes
Quel positionnement pour la douane à Toulon ? Entre le bureau de Port Marchand à Toulon et le site de Brégaillon à La Seyne, entre et agents exercent des missions fiscales liées à la perception des droits et taxes frappant les produits qui rentrent sur le territoire ou sont en transit. À leurs côtés une trentaine d’agents armés et en uniforme exercent une mission de surveillance et de contrôle des produits illicites. Mais aussi d’identité des personnes arrivant d’Etats tiers (voire même de l’espace Shengen) qui passent la frontière pour rentrer dans le territoire français.
Quelle est la spécificité du port de Brégaillon ? Depuis cinq ans, chargé de fret, le navire roulier de l’armateur turc U.N. Ro-Ro assure trois rotations hebdomadaires entre Pendik, près d’Istanbul, et Brégaillon. Ce n’est pas à l’origine un port adapté à ce trafic. La CCI, son gestionnaire avec nous et l’armateur, y a engagé des travaux d’aménagement. Ce port est devenu la première porte d’entrée en Europe de l’ouest (la deuxième est Trieste) pour les marchandises turques, mais aussi iraniennes, afghanes… qui sont à destination principalement des autres pays d’Europe.
Le volume de fret est important ? Il augmente de % par an. En un peu plus de cinq ans près de remorques ont transité par La Seyne. Pour faire face et pour augmenter ses capacités, l’armateur a même “jumboïsé“c’est-àdire agrandi ses rouliers de mètres.
Quel contrôle s’exerce sur ce fret ? À Brégaillon il y a donc une double mission de contrôle : documentaire et physique. Contrôle d’abord de la régularité au niveau fiscal des marchandises qui rentrent sur le territoire et touchent leur premier point d’entrée dans l’Union européenne (ou sont en transit). Contrôle ensuite, à l’import et l’export, de la conformité des marchandises déclarées et de la régularité des types de transit. Cela peut passer par l’ouverture des remorques.
Y a-t-il eu interpellation de migrants ? Nous sommes les seuls à assumer la mission migratoire sur le port de Toulon. À l’occasion de ces contrôles, en , nous avons intercepté trois passagers clandestins. Un Sri-Lankais et deux Bangladais qui étaient dans une remorque. Six jours dans un camion en plein été au mois d’août...
Beaucoup de contrefaçons aussi dites-vous ? Cette année, nous avons déjà saisi articles contrefaits à Toulon. Des contrefaçons, essentiellement textiles, mais aussi de parfum. Les origines sont sensibles… Ces saisies sont réalisées au travers d’un travail de ciblage pour anticiper la menace. Nous disposons de services dédiés de prédiction des risques au niveau national et régional.
Et au niveau des stupéfiants ? On essaie d’exercer une surveillance particulière des flux avec nos
Trois passagers clandestins interpellés en ”
homologues turcs. Au départ du port de Pendik, qui est une grande plateforme d’exportation, à l’export, les douaniers turcs ont un scanner mobile. Le même que celui que nous utilisons de manière plus épisodique. Cela permet d’imaginer la présence de produit prohibé. On échange des renseignements avec eux. Des stupéfiants ont déjà été découverts au départ. A l’arrivée jamais.
Quel avenir pour Brégaillon ? Outre les travaux d’aménagement engagés pour s’adapter à sa volonté de développement, l’armateur ambitionne de développer le “multimodal“. C’est-à-dire faire en sorte que ses remorques soient acheminées le plus rapidement et simplement possible. Via le chemin de fer par exemple. Toulon, par rapport à Marseille saturé, est une alternative intéressante pour l’armateur qui est seul.