Monaco : une plongée en direct sur Facebook
Il est 12 h 30, hier. À cet instant précis, le live annoncé sur la page Facebook du Musée océanographique de Monaco démarre. Le temple de la mer se dévoile dans une vidéo réalisée depuis un drone. Magique. C’est le générique de l’opération qui est sur le point de débuter sur le célèbre réseau social. 12 h 35. Une jeune femme sur un bateau apparaît à l’écran, micro à la main. Elle est entourée des représentants des deux partenaires de l’opération, le Musée océanographique et l’équipementier sous-marin Beuchat.
« Olivier, tu nous entends ? »
« Nous allons vivre un grand moment en direct, annonce Solène Basthard-Bogain, de l’association marseillaise Septentrion Environnement, également partenaire de l’événement. Nous allons vous conduire au coeur
d’une plongée inédite.» Effectivement, ce n’est que la deuxième fois au monde qu’une telle opération est montée. Au top départ de la commentatrice, les six plongeurs se mettent à l’eau, depuis le navire des Affaires maritimes de Monaco, le Vitamar. Parmi eux, un caméraman relié à la surface par un câble, un plongeur biologiste de Septentrion Environnement équipé d’écouteurs et d’un micro et relié lui aussi au bateau par un câble, un éclairagiste, un guide qui connaît ce site de plongée comme sa poche, et deux autres plongeurs pour compléter la palanquée. « Olivier, tu nous entends ? Parce qu’on n’a pas d’image », s’inquiète Solène BasthardBogain. « On est sur l’épave », répond Olivier Bianchimani, le plongeur biologiste. Après dix minutes de tâtonnements en raison d’un souci technique – la caméra du plongeur-cadreur restait muette à l’écran –, le
« grand moment » annoncé débute.
« Nous voici sur l’épave » du Toulonnais
12 h 42. Une centaine d’internautes suivent le live à cet instant. « Nous voici sur l’épave », reprend Olivier Bianchimani. La visibilité ne dépasse pas une dizaine de mètres, mais on voit pas mal de choses. On se dirige vers l’avant du bateau. » Sur l’écran, l’épave du Toulonnais se dessine et apparaît assez distinctement. Il s’agit d’un ancien remorqueur de 300 tonnes et 30 mètres de long, immergé à 35 mètres de profondeur, devenu site de plongée sousmarine depuis son déplacement depuis l’extérieur du port de Monaco jusqu’au
pied du Musée océanographique en avril
2014. « On voit des poissons rouges, des antias, commente Olivier Bianchimani. Il y a aussi beaucoup de castagnoles. Cela prouve que l’épave est devenue un habitat propice. »
Un peu plus tard, le plongeur biologiste, qui a croisé un mérou avant que la caméra ne fonctionne – dommage pour le live –, indique que «c’est aussi un très bon signe. Cela prouve que toute la chaîne alimentaire est bien présente ».
Quelques minutes plus tard : « Bruno (le plongeur du Musée, Ndlr) me montre une gorgone. Et derrière, on voit une éponge. C’est intéressant de les voir là. On considère alors que la colonisation du site est bonne. » C’était le but du jeu, en transportant l’épave de ce côté-ci des eaux monégasques. « Elle gênait les travaux d’agrandissement du port,
rappelle Olivier Brunel, chef du service aquarium au Musée océanographique, au début de la retransmission. Le gouvernement princier et Pierre Frolla (plongeur apnéiste monégasque, Ndlr) ont eu l’idée de déplacer le Toulonnais devant le musée, pour en faire un site de plongée, prisé par les clubs de la région, mais aussi pour des raisons écologiques, afin de faire revenir la vie dans cette zone pauvre en faune et flore sous-marine. » Mission réussie.
« Une émotion particulière »
Pendant 25 minutes, Olivier Bianchimani commentera la plongée. Il répondra aussi aux questions des internautes. C’était aussi le but de cette opération : être interactive. « Les plongeurs ont-ils le droit d’évoluer dans l’épave ? » ; « À quelle profondeur se trouve l’épave ? » ; « Avez-vous une appréhension en entrant dans l’épave ? » ; « Quelle est la température de l’eau ? »
L’eau était à 20 degrés. Et effectivement, pour tout plongeur, l’épave est un site particulier : « C’est toujours impressionnant, on ressent une émotion particulière…» , a notamment répondu le plongeur, en direct depuis les fonds marins monégasques. Durant les vingt-cinq minutes de la plongée retransmise en direct, jusqu’à 135 internautes avaient les yeux rivés sur l’écran au même moment. À la fin du live, un peu plus de 4 000 vues avaient été comptabilisées. Et en début de soirée, la vidéo avait été visionnée plus de 6 000 fois…