Mamma mia, quelle misère...
Les Toulonnais ont assuré l’essentiel face à Trévise même s’il y a beaucoup à redire sur la forme. Reste à savoir si gagner sans bien jouer est bon signe ?
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Mamma mia ! », pouvaient s’écrier les supporters toulonnais à l’issue d’une rencontre haletante où tout s’est joué dans les cinq dernières minutes. Tous avaient conscience d’être passés à côté de la cata. Bien loin en tout cas de l’impérial Veni, vedi, vici. Mais après tout on était en Vénitie, pas à Rome. Les Rouge et Noir en ont fait voir de toutes les couleurs aux leurs. Face à cette formation de Benetton, ce fut loin d’être coton. De plus en plus adeptes des films de Hitchcock, les Varois semblent apprécier les scénarii bien rodés même si le script en amont semblait mieux écrit. Mais apparemment le rugby toulonnais a ses raisons que la raison ignore.
« Vraiment laborieux »
« On est encore en vie » lâchera après l’heureux dénouement Bastareaud, le capitaine toulonnais circonspect qui affichait la mine des mauvais jours dans le couloir le menant à la salle de presse. A ce moment-là, un membre du staff technique toulonnais s’exclamait « Quelle misère !». Une interjection qui en disait plus qu’un long discours. Et Bastareaud de poursuivre: « Ce succès est encore acquis au forceps. On commet encore beaucoup de petites erreurs, des fautes bêtes et inutiles qui vont finir par nous plomber. Contre Trévise, c’est passé d’extrême justesse mais on est tous conscients qu’il va falloir hausser singulièrement notre niveau de jeu car ça ne passera pas toujours. Je ne suis pas inquiet car j’ai confiance en ce groupe travailleur. Mais j’espère que le déclic va se produire pour ne plus tomber dans nos travers. On peut encore avoir beaucoup de frustration. On poursuit notre chemin même si c’est vraiment laborieux. « Après ces réserves, je retiens bien sûr et avant tout la victoire ainsi que notre belle solidarité dans les moments difficiles. Il faut aussi rendre hommage à cette belle équipe de Trévise qui ne nous a pas facilité la tâche. On l’a prise avec beaucoup d’humilité et elle nous a bien reçus. Cette fois encore, on n’a pas su se montrer assez tueur dans les zones de marque. On a un peu paniqué et perdu nos repères. On va essayer de travailler avec davantage de sang-froid et ça ira mieux. »
S’endurcir malgré les faiblesses
Le vétéran Jocelino Suta, « papa » du groupe, ne disait pas autre chose : « On a assuré le service minimum. Cette victoire était impérative. On a vu que dans l’urgence, on faisait n’importe quoi. Alors que dans le final, quand on ne panique pas, en restant serein, ça passe. Pour ma part, dès mon entrée en fin de match, j’ai essayé de calmer tout le monde. Les coups de chaud sont à éviter. Et de positiver en diagnostiquant. Mais ce succès acquis dans la difficulté est de bon augure pour la suite. » De Fresia à Ashton en passant par les Kruger, Isa, Gorgodze et consorts, tous savent le travail qu’il reste à accomplir pour digérer le système Galthié. Ce Toulon-là au jeu ambitieux a besoin de temps. Voilà pourquoi il est important de remporter ces matches que le RCT aurait parfaitement pu perdre. On bâtit toujours plus et mieux dans le succès. L’important est de connaître ses faiblesses qui ne manquent pas dans tous les secteurs. Et si la conquête (touches et mêlées) a connu encore des difficultés, la défense a également montré des errements et l’attaque des gourmandises coupables. Les deux ailiers fidjiens, auteurs d’exploits personnels, ne peuvent masquer à eux seul toutes les fragilités des Varois. Galthié et ses adjoints ne sont dupes de rien, pas plus d’ailleurs que tous leurs hommes.