Timide remontée des bénéficiaires du droit au logement opposable
En 2016, ils étaient six cent quatre-vingts Varois à bénéficier du droit au logement opposable. Mieux qu’en 2015, mais moins qu’en 2013, où ils étaient… plus de mille six cents
Comment expliquer cette baisse ? Alors que, le 5 octobre dernier, l’Association familiale toulonnaise organisait sa sixième conférence-débat sur le droit au logement opposable, certains chiffres donnent à réfléchir. En effet, si, sur le papier, le nombre de bénéficiaires varois du droit au logement opposable (Dalo, concernant des personnes en grande difficulté économique) est passé de 658 à 680 entre 2015 et 2016, la réalité est bien plus nuancée. En effet, les chiffres du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées sont plutôt préoccupants. Dans le Var, de 2008 à 2013, les personnes bénéficiant du dispositif Dalo sont passées de 238 à 1639, avant de chuter à… 722 en 2014 !
Des consignes ?
Pour Jean-Paul Jambon, responsable de la fondation Abbé-Pierre dans le Var, cette chute serait due à l’intransigeance des pouvoirs publics. « Une fois qu’une personne est reconnue comme relevant du dispositif Dalo, le préfet a six mois pour lui trouver un logement, explique M. Jambon. Vu que c’est un droit, si ce n’est pas fait, alors il est systématiquement condamné avec astreinte. Pour limiter cela, la préfecture a fait passer des consignes pour faire baisser le nombre de bénéficiaires Dalo… »« Non, le préfet n’a donné aucune instruction », réfute Martine Riquelme, présidente de la commission de médiation départementale, chargée de dire qui relève ou non du fameux dispositif. Mais alors, comment expliquer cette baisse drastique ? « Je pense que c’est parce que beaucoup de personnes ayant monté un dossier ont été mal aiguillées et ne dépendaient pas du Dalo. Il y avait, par exemple, une personne qui avait quitté son logement de son propre chef, ou encore une autre qui avait été radiée car elle avait refusé un logement proposé… » Pourtant, dans le même temps, à en croire les chiffres de cette fameuse commission, le nombre de demandeurs a littéralement explosé. De 1 209 en 2008, la commission présidée par Martine Riquelme a traité pas moins de 3 530 dossiers en 2016. « Que voulez-vous, il y a plus de dossiers parce que les personnes sont plus pauvres… », soupire Martine Riquelme.
En attendant …
Du côté de la préfecture, on assure que «la commission Dalo est indépendante, elle examine chaque cas en fonction des lois et règlements en vigueur. Et d’affirmer que « la tendance pour 2 017 met en exergue que près d’un ménage sur trois, dont le dossier a été étudié par la commission, s’est vu reconnaître le droit au logement opposable, contre un sur quatre en 2016. » Si cet élément peut être vu comme une petite éclaircie entre les lourds nuages de la pauvreté, le nombre de personnes bénéficiant du dispositif Dalo effectivement relogées pourrait bien faire retomber l’ambiance. L’an dernier, sur les 680 « Dalo », si l’on en croit les chiffres du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, seuls 245 ont bénéficié d’un toit… Si l’on reprend les chiffres depuis 2008, soit la mise en place du dispositif Dalo, ce sont plus de 1 700 Varois qui, faute d’habitations disponibles, n’ont toujours pas été logés. Et l’année prochaine ne s’annonce pas vraiment plus réjouissante. «En 2018, on annonce une diminution des constructions de logements sociaux, glisse Martine Riquelme. Or, parmi eux, il y en a toujours qui sont réservés aux bénéficiaires du Dalo. Mais bon, je pense que quelque chose va être fait pour loger tous ces gens… » Réponse dans quelques mois.