Finances : menace sur les structures culturelles ?
Toulon En cette période où les demandes de subventions arrivent dans les collectivités et où certains contrats aidés ne seront pas reconduits : le point avec quatre associations oeuvrant dans le spectacle
En cette période de Noël qui approche, tout espoir n’est pas encore exclu pour les associations, culturelles notamment, qui sont en train de faire leurs demandes de subventions. Mais on sait déjà que la hotte ne comportera pas de contrat aidé, dans ce secteur jugé non prioritaire, après la réduction de voilure annoncée le mois dernier par le Gouvernement. Dans un contexte de baisse de dotations de l’État, qui s’est répercuté ces dernières années, sur les collectivités locales et, en cascade, jusqu’aux associations, un simple maintien pourrait être considéré comme un cadeau, si l’on oubliait l’inflation. On a voulu savoir comment les associations arrivent à se gérer, à travers quatre exemples de structures, petites ou moyennes, dédiées aux spectacles.
En flux tendu dans l’un des rares théâtres privés
Par exemple, l’Espace Comedia, théâtre de 230 places créé en 1991 à Toulon, perdra un employé en contrat aidé à la fin de l’année. « Cela a une incidence sur le travail de chacun. On arrive à avoir des heures supplémentaires plus nombreuses dans un théâtre où toute l’équipe doit être présente pour accueillir le public lors des spectacles. On est amenés à une situation en flux tendu», explique André Neyton, son directeur. Trois personnes, contre six, il y a quelques années sont à la gestion et la technique. La plupart de ses partenaires (Région, Ville et TPM) ont maintenu leur montant de subventions ces cinq dernières années, hormis le conseil départemental (1). Une diminution du volume de la programmation n’a pas été évitable ces dernières années, malgré un bon taux de fréquentation. Dans ce contexte difficile, « celui qui en pâtit est aussi le créateur en bout de chaîne, à qui l’on demande de négocier le prix d’un spectacle », fait remarquer André Neyton. Il prévient contre une fragilité du secteur. « Il y a aussi un phénomène de concentration sur les grosses structures qui se renforce dans les Bouches-du-Rhône, analyse-t-il, et des petits théâtres qui disparaissent. De nombreux théâtres se créent, un phénomène comme pour les autoentrepreneurs ou les start-up, avant de fermer ou passer le relais. »
Pérenniser l’emploi et s’autofinancer
La Scène de musiques actuelles du Var, Tandem, qui emploie dix personnes a, elle, pérennisé cette année quatre emplois aidés (contrats avenirs et autres) sur cinq, en faisant signer un CDI à leurs titulaires. « On a eu un coup de pouce de la Drac et on va demander un coup de pouce à nos autres partenaires », prévoit Sylvain Besse, codirecteur, dans ses demandes de subventions. Dans la mesure gouvernementale, les contrats aidés qui seront maintenus concerneront plutôt les secteurs de l’urgence sanitaire et sociale ou le scolaire. « Que l’État embauche les gens à leur terme !», encourage à son tour Sylvain Besse. Avec 668 000 euros de subventions (2), – ce qui reste modeste face au budget d’une Scène nationale, par exemple, qui se compte en plusieurs millions d’euros –, l’association départementale montre aussi sa bonne volonté en développant l’autofinancement, par le biais de la formation, professionnelle notamment, activité moins connue que la programmation de concerts. Dans un contexte de crise de l’univers du disque, qui se traduit par une augmentation des cachets demandés sur les concerts, des mesures comme la mutualisation du matériel et des salaires au minimum de la grille légale sont des moyens d’« économie » à Tandem, qui parleront aussi à bien d’autres associations. 1. Le montant total est inférieur à 300 000 euros. 2. Qui représente 70 % de son budget.