Var-Matin (Grand Toulon)

La startup de la Hyéroise Julie Meunier primée à Paris

- CHRISTELLE LEFEBVRE

C’est sa semaine et une belle revanche sur la vie : Julie Meunier, alias Les Franjynes, startup niçoise qui propose une alternativ­e à la perruque pour femme atteinte d’un cancer ou non, vient de remporter deux prix majeurs à Paris. Jeudi, elle a été élue Formidable ecommerçan­te dans la catégorie Projet au concours national organisé par Wizishop, un prix fait pour valoriser les commerces en ligne qui ont moins de 18 mois. Quatre jours plus tôt, Les Franjynes avaient décroché la première place du concours national Talents BGE dans la catégorie Commerce, à Bercy, au ministère de l’Économie. « C’est juste dingue ! Pour quelqu’un comme moi qui ne suis pas banquable pendant dix ans, c’est fête », réagit Julie Meunier, Hyéroise de 29 ans devenue Niçoise pour se lancer dans l’entreprena­riat grâce au financemen­t participat­if et pour qui les concours sont un moyen de se faire de la trésorerie.

La légitimité pour

Il y a deux ans, Julie Meunier a eu un cancer. Chimiothér­apie, radiothéra­pie, c’est brutal : elle perd ses cheveux. Elle achète une perruque mais ne la supporte pas. Elle se met alors à nouer des turbans sur sa tête, elle y ajoute une frange pour que ce soit plus glamour. Les compliment­s qu’elle reçoit sur son blog où elle dispense des conseils pour gérer sa féminité pendant le cancer agissent comme un aiguillon. « Et si je déposais mon invention, et si je la brevetais, et si je la commercial­isais… » La Hyéroise se sent la légitimité pour le faire, elle qui n’a jamais rien lâché, qui s’est battue comme une tigresse et qui affiche un sourire rayonnant. Dans la voix de Julie Meunier, il y a une énergie incroyable.

Croisade gagnante

« Cette entreprise, ce commerce en ligne, c’est ma croisade, expliquet-elle. Quand vous sortez d’un cancer, les banques et les assureurs ne vous suivent pas. Mais ça n’était pas de nature à me faire peur. Le cancer, c’était autrement plus sérieux. J’ai lancé une campagne de financemen­t participat­if en octobre 2016. J’ai levé 35 000 euros en 45 jours, avec mille contribute­urs. » Les Franjynes sont nées le 29 juin 2017. La boutique Internet a été lancée cet été et depuis, Julie Meunier a expédié 450 commandes. Aujourd’hui, la marque s’adresse aux femmes et fillettes qui perdent leurs cheveux à la suite d’un choc émotionnel ou d’un traitement cancéreux. Elle leur propose une large gamme de franges blondes, brunes, rousses brevetées pour tenir sur un crâne sans cheveux, à porter avec un turban. Julie Meunier a imaginé sept nouages différents, un pour chaque jour de la semaine. De quoi retrouver la sensation du coiffage. Une vraie vertu thérapeuti­que. Excellente pour le moral. Heureuse de mettre sa créativité au profit des autres, Julie Meunier ambitionne d’embaucher son premier salarié pour 2018. Elle a eu l’agrément de la Sécurité sociale et ses alternativ­es à la perruque bénéficien­t d’un remboursem­ent à hauteur de 125 euros, la même somme que pour une perruque. Les deux prix en poche, celui de la BGE lui apportant une dotation de 7 000 euros, celui de l’e-commerçant 26 000 euros à valoir sur de la communicat­ion digitale, du marketing ou toute action permettant d’améliorer sa boutique en ligne, pour la jeune chef d’entreprise, tous les signaux sont au vert. Elle s’est même inscrite dans l’économie sociale et solidaire : Les Franjynes reversent 5 % de leur chiffre d’affaires à la recherche contre le cancer. « La solidarité m’a permis de me lancer, c’est ma façon de lui rendre », confie la Varoise, à l’enthousias­me communicat­if.

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(DR) Les Franjynes de Julie Meunier, élues formidable projet e-commerce , jeudi.

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