Var-Matin (Grand Toulon)

« Le Castellet, ça sera jamais comme à Magny-Cours... »

De passage au Sportel à Monaco, Flavio Briatore, ancien boss de Renault, nous a parlé F1

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Le cheveu, devenu un brin filasse, s’est raréfié. Le visage, buriné par des années de soleil en Sardaigne sur son yacht autant que sur les circuits de F aux quatre coins du globe, trahit sans ménagement le bourlingue­ur. N’empêche, à  ans, Flavio Briatore porte encore beau. C’est heureux pour un type né au pays de l’élégance qui fit ses classes qui plus est, chez Benetton, le roi de la ‘‘maille’’ italienne dans les années . Avant de débouler sans états d’âme, tel un éléphant, dans le magasin de porcelaine qu’était le cercle fermé de la F... Bientôt dix ans, pourtant, que Flavio a déserté le paddock. Déguerpi, plus exactement ! En  à Singapour, lui et l’ingénieur Pat Symonds, furent accusés d’avoir poussé Nelson Piquet Jr. à jeter sa Renault contre un mur, afin de provoquer la sortie de la voiture de sécurité et favoriser ainsi la victoire de Fernando Alonso. Adieu veau, vache, cochon, couvée : interdit d’exercer en F à vie, le Flavio ! Lui qui pourtant, murmurait depuis toujours à l’oreille des Schumacher, Alonso, Ecclestone... Lui qui porte comme une légion d’honneur, deux titres de champion du monde dans deux écuries différente­s (Benetton et Renault). ‘‘Il fiammegian­te’’ (le flamboyant) était cette semaine de passage au Sportel de Monaco. Et autant vous l’avouer, c’est davantage par plaisir égoïste que par nécessaire actualité qu’on lui a tendu le magnétopho­ne.

Flavio, la dernière fois qu’on s’est vus, c’était au motor-home Renault, où vous receviez les journalist­es dans un magnifique canapé blanc. Dix ans après, qu’est-ce qu’il reste de tout ça ? Disons que je suis encore un peu dans la F, car on est managers de Fernando Alonso avec Luis Garcia Abad, qui travaille pour notre société. Tu me parles du canapé blanc, c’est des bons souvenirs, mais aujourd’hui, la Formule , elle a beaucoup changé...

On imagine que vous préférez que l’on se rappelle du patron d’écurie qui a gagné deux titres, plutôt que de Singapour, non ? Moi, je pense qu’on doit tout regarder dans une carrière. Pour Singapour, j’ai été condamné par la FIA (Fédération internatio­nale de l’automobile, Ndlr), après je suis allé devant le tribunal civil et ils ont annulé. C’était évident que tout cela était manipulé par quelqu’un qui était contre moi, depuis des années... A l’époque, c’était le président de la fédération (l’Anglais Max Mosley, Ndlr).

Qu’est-ce que vous aimeriez que l’on garde de vous ? Moi, que l’on garde

quelque chose de moi, honnêtemen­t je m’en fous ! Tu sais, on ne vit pas pour faire plaisir aux autres. C’est important ce que moi je retiens de mon parcours. Par exemple, je pense qu’on a réussi des miracles en gagnant des championna­ts avec Benetton, puis avec Renault. Ça vous rend fier, ça se sent... Oui, parce que pour le moment, je suis le seul qui a gagné dans deux écuries différente­s.

La F vous manque ? Non, pas du tout. Déjà, j’envisageai­s d’arrêter depuis l’année précédente et ça, Renault le savait. Après presque vingt ans, quand tu as gagné beaucoup, tu n’as plus la motivation que tu avais quand tu gagnes ton premier championna­t... Même si j’ai eu la chance de travailler avec d’excellents pilotes comme Michael (Ndlr, Schumacher), Fernando, Trulli, Fisichella, Panis aussi. N’oublie pas que j’avais racheté l’écurie Ligier et j’ai réussi à gagner une course avec (GP de Monaco , Ndlr) !

Finalement, vous avez gagné plus que d’autres, sans être issu du sérail... Oui, j’ai remporté des course de F dans trois écuries différente­s comme manager et ce record-là, je pense qu’il n’est pas prêt d’être battu. Car aujourd’hui, tout ça est ‘‘very corporate’’...

Vous qui veniez du business du textile, c’est plus dur le monde des affaires ou celui de la F ? Je pense que la F, c’est des affaires. C’est du business. Aujourd’hui il faut être franc, on n’a plus un championna­t pilotes, on a un championna­t ‘‘engineerin­g’’ ! C’est un championna­t de motoristes, un championna­t technique. Mais c’est plus un championna­t de gladiateur­s comme avant.

C’est une bonne chose que Bernie Ecclestone ait passé la main ? A un moment, tu dois passer la main. Ça s’est fait au bon moment, même s’ils ne l’ont pas très bien traité (Liberty Média, les nouveaux propriétai­res américains de la F depuis , Ndlr). Dans la vie, on doit toujours avoir du respect pour ceux qui ont fait des choses importante­s. Ils ont

La nouvelle équipe a des idées plus modernes pour développer ce business, C’est quand même bien qu’il y ait de nouveau un GP de France ? Absolument, mais pour moi un GP de France, ça doit être à Paris ! Pas au Castellet ou à Magny-Cours.

Vous avez touché au football aussi, en rachetant en  le club de Queen’s Park Rangers ? Oui, on a gagné de l’argent. On l’a pris en Championsh­ip

div.), on l’a emmené en Premier League. Peut-être qu’on l’a vendu deux ans trop tôt, mais bon, on l’a bien vendu.

Que l’on garde quelque chose de moi, je m’en fous... ”

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