Var-Matin (Grand Toulon)

Dany Boon: « Quand on ne doute plus, on ne crée plus »

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Après un été dans les Hauts-de-France pour le tournage de La Ch’tite Famille, en cours de montage, Dany Boon revient pour une tournée jubilé. Vingt-cinq ans de carrière, cela méritait bien une double escale méridional­e. La première aura lieu ce samedi au Silo de Marseille, la seconde dimanche 5 novembre à Antibes. Avec deux représenta­tions au théâtre Anthéa, chez son ami Daniel Benoin qui le recevait déjà en 1993, sur la scène nationale de Saint-Étienne, avec une jauge à haut risque de… 350 places ! Depuis, le petit gars du Ch’nord a signé le plus gros succès de l’histoire du cinéma tricolore et reste l’une des personnali­tés préférées des Français.

Des petites salles au Zénith, qu’est-ce qui a le plus changé ? En  chez Daniel, c’était déjà génial. Un très bon souvenir. Il avait eu un coup de coeur pour mon univers et pour ce premier spectacle, alors tout jeune. Je crois bien que c’était la première fois que je jouais dans un théâtre subvention­né, j’étais à la fois surpris et flatté. Aujourd’hui, c’est sûr que je fais une tournée de Zénith mais ce qui compte, c’est le contact. J’ai tendance à préférer les salles à taille un peu plus humaine. D’ailleurs, je ne choisis jamais la configurat­ion grande capacité. Comme les dates fonctionne­nt bien, une ville m’a demandé la semaine dernière de passer de  à , j’ai décliné. C’est très grisant de jouer devant cinq mille personnes. Je l’ai fait dix ou douze fois à Lille, par exemple. Mais il faut des écrans, plus de lumières : c’est plus spectacula­ire et un peu différent.

Comment s’articule ce nouveau spectacle ? Pour ce dernier one-man-show, j’ai voulu faire un vrai spectacle de music-hall. Il y a du mime, de la danse, de la musique. Je joue du ukulélé, de la guitare, du piano. Mais dans le seul but de faire rire. Isabelle Nanty, qui me met en scène, ne voulait pas quelque chose de classique. L’idée, c’était plutôt de raconter une histoire en mélangeant des sketches anciens et des inédits. Cette histoire, c’est la mienne : je parle de ma carrière, de mon rapport au succès, de ce bouleverse­ment qu’a été l’énorme succès de Bienvenue

chez les Ch’tis. Je parle aussi de mon enfance, de ma vie de père, de mes ados. Je pousse les curseurs, je vais dans l’absurde.

Parlons-en, des ados… On est d’accord : c’est terrible ! Du jour au lendemain, fini le câlin à papa. Place aux grognement­s avec des gens qu’on ne connaît pas et qui pourtant vivent chez nous… Je parle de la transforma­tion de l’enfant en adolescent, de la difficulté de l’éducation, je raconte la consultati­on d’un pédopsychi­atre qui me dit ne rien pouvoir faire pour l’agressivit­é et m’envoie chez Bouglione. Où le dompteur de fauves me donne quelques conseils, si bien que tout finit en numéro de cirque.

Vous parliez des Ch’tis.  millions d’entrées ! Comment se recréer après un succès aussi colossal ? Tout simplement en oubliant ce qu’on a fait. J’ai mis du temps à écrire La Ch’tite Famille, mais c’est une histoire différente. Ce n’est pas du tout la suite. Le plus important n’est pas le box-office. Ce qui compte, c’est de divertir. Je continue à avancer parce que j’aime ça. C’est ma passion depuis toujours. Après, un film fait les entrées qu’il mérite. Le vrai danger serait de me dire que j’ai la science infuse. Que je connais la recette. Que je sais comment faire. Mon inquiétude, après le succès de Bienvenue chez les Ch’tis, c’était de proposer un scénario qui soit aussi emmerdant qu’un annuaire et que les gens me disent : « c’est formidable, quel génie ! ». Au début, je ne voulais pas que mon nom apparaisse sur les fiches de lecture. Pour que les avis ne soient pas déformés. Maintenant, je dois faire l’effort de dire aux gens : « n’ayez pas peur de me dire vraiment ce que vous ressentez ». Moi, je suis toujours le même ado qui racontait des histoires dans sa chambre et qui voulait faire rire. Avec le même doute, puisque cela fait partie du processus créatif. Quand on ne doute plus, on ne crée plus.

La pression vous a incité à vivre à Los Angeles. Comment garder le lien en vivant loin ? Je voyage énormément. Je suis souvent en France. Le contact, il est là. Même à l’étranger, j’ai une vie normale. Je vais faire mes courses, j’emmène mes enfants à l’école. C’est sûr qu’un matin, les ados du lycée français m’ont un peu sauté dessus. Il y a eu une petite émeute qu’il a fallu gérer. Mais j’accompagne mes deux fils au foot, par exemple. C’est sympa parce que tout à coup, je ne suis plus le centre d’intérêt. Ça reste des enfants qui jouent au foot et des parents qui sont là pour les encourager.

« Pour un acteur il est pas fier, il est simple », témoignait l’été dernier une dame du Nord dans un article du Parisien… C’est important, oui. On tournait à Oudezeele, près de Dunkerque et d’Armentière­s. Gamin, je faisais du vélo dans ce coin-là. À propos du Parisien, ce journal m’a décerné l’étoile du meilleur spectacle d’humour . C’est assez rare pour être signalé. Au début, j’ai même cru que c’était une blague. Une caméra cachée !

Dans le divertisse­ment, les récompense­s se font rares ? Cette année, un César du public sera décerné au film français qui aura fait le plus d’entrées. Et pour l’instant… c’est moi avec Raid dingue.

Samedi 4 novembre, à 20 heures. Le Silo, à Marseille. Tarifs : de 49 à 58 Rens. 09.70.25.22.01.

Dimanche 5 novembre, à 17 heures et 20 h 30. Théâtre Anthéa, à Antibes. Tarifs: de 42 à 63 Rens. 04.83.76.13.00.

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(DR) et le Dany Boon dans un spectacle jubilé, le samedi  novembre à Marseille dimanche novembre  à Antibes.

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