Déficit chronique de l’hôpital: traitement radical à venir
À la demande pressante de l’Agence régionale de santé, Michel Perrot, le directeur de l’établissement, a lancé une réflexion sur un projet stratégique. De gros changements s’annoncent
Les difficultés financières de l’hôpital d’Hyères ne datent pas d’hier, ni même d’avanthier. En fait, depuis 2002 – au moins – l’établissement n’a jamais bouclé un exercice budgétaire à l’équilibre. Cette maladie chronique se traduit par un déficit structurel, de l’ordre de 4 M€ par an sur un budget global de 65 M€. De l’aveu même de son directeur, Michel Perrot, il est aujourd’hui « de plus en plus difficile à assumer pour l’hôpital ». En accord avec l’Agence régionale de santé, et avec son financement, une réflexion vient donc d’être lancée pour définir, avec l’aide d’un consultant externe, un projet stratégique. Il devra permettre à l’établissement « de retrouver une activité et donc un financement suffisants », indique Michel Perrot qui donne sa vision des objectifs à atteindre.
Quels sont les enjeux de ce projet stratégique ? L’objectif, c’est de redéfinir les missions de l’hôpital pour éviter son asphyxie financière. Il faut le recaler sur une organisation qui puisse donner lieu à un équilibre budgétaire plus confortable. L’hôpital est toujours organisé comme il y a trente ans, d’une façon très classique qui ne correspond visiblement plus à la demande puisque nous sommes en déficit grave. Faut-il s’attendre à des mesures radicales, des fermetures de services par exemple ? Il est encore trop tôt pour le dire, on commence à y réfléchir. Mais des changements radicaux, je pense que oui, compte tenu des difficultés. On ne peut plus continuer à fonctionner de la même manière. Par contre il ne s’agit pas de fermer des services, plutôt de mieux cibler les missions. Je préfère parler de transformations plutôt que de fermetures. On doit s’adapter. C’est ça l’objectif, ce qu’on veut réussir pour tirer l’établissement de l’ornière. L’offre de soins doit être adaptée aux besoins et le fonctionnement de l’hôpital doit tenir compte de sa situation, en complémentarité avec le plateau technique de Toulon.
Quel est le calendrier pour la mise en place de la nouvelle stratégie réclamée par l’ARS ? Nous devons la définir pour la fin de l’année, nous sommes donc dans une phase de concertation. Ensuite, il faudra la discuter avec l’ARS. On pourra en parler plus concrètement et présenter les objectifs en début d’année prochaine. Quant à la mise en oeuvre, elle sera nécessairement étalée dans le temps et elle reste bien sûr à définir, quand les objectifs seront validés. En prenant la direction commune de l’hôpital et du Chits vous vouliez déjà conforter la place de l’établissement sur le territoire en développant l’activité. Quels sont les changements survenus depuis ? Hors mise en place du GHT, le groupement hospitalier de territoire, qui concerne tous les établissements du département, la direction commune mise en place avec l’hôpital de Toulon a permis d’établir des relations privilégiées. On a pu mutualiser des services logistiques, comme le laboratoire, la cuisine, l’entretien bio médical, et, en lien avec le GHT cette fois, la direction des achats. Sur le plan médical, je peux citer l’exemple de la chirurgie viscérale qui a établi un lien quasi fusionnel avec le service de Toulon. Le chef de service d’Hyères est d’ailleurs devenu le chef de service de Sainte-Musse. On a aussi les anesthésistes de Toulon qui viennent en soutien des gardes à l’hôpital d’Hyères. Il y a des liens entre les services radiologie, ophtalmologie… Et c’est appelé à se démultiplier. Évidemment, dans ce plan stratégique sur lequel nous travaillons, les médecins des deux établissements sont associés.
En quoi est-ce important pour la survie de l’hôpital ?
Les médecins vont de préférence vers les grosses structures, avec de gros plateaux techniques. C’est pour cela qu’on doit donc réfléchir à la vocation de l’hôpital d’Hyères en complément avec l’hôpital de Toulon qui se trouve à dix minutes. Par rapport à des structures de la même taille, qui connaissent aussi des difficultés, c’est une chance pour l’hôpital d’Hyères d’être à dix minutes de Sainte-Musse. Ce n’est pas un effort énorme pour les médecins de venir renforcer les équipes à Hyères. On ne leur demande pas d’aller dans le Haut Var…
Quels ont été les effets de ces évolutions ?
Les changements opérés depuis deux ans ont permis de stabiliser l’activité. Mais cela ne suffit pas à assurer l’équilibre financier. On n’est plus sur le déclin mais l’ARS nous demande de développer une stratégie qui assure à l’hôpital une viabilité financière. 1. Michel Perrot, déjà directeur du centre hospitalier intercommunal Toulon La Seyne (CHITS), assure depuis début 2015 la direction des deux établissements.
Il ne s’agit pas de fermer des services, plutôt de mieux cibler les missions”