Comparutions immédiates: vin, cannabis et identités d’emprunt
Au programme du tribunal correctionnel de Draguignan ce lundi : séjour irrégulier, conduite sous l’emprise de l’alcool et commerce de stupéfiant. Récit des audiences
l’audience des comparutions immédiates du weekend, hier devant le tribunal correctionnel de Draguignan, on n’a pas vraiment pu s’assurer de l’identité d’un jeune Tunisien, cité à comparaître sous le prénom d’Haitem, pour récidive de séjour irrégulier malgré un arrêté d’expulsion d’octobre 2016.
Nom de nom !
« Je m’appelle Zied », a-t-il assuré. Comment en être sûr, puisque depuis 2003 ou 2007, dates supposées de son entrée en France, il a fourni pas moins de huit identités différentes à la faveur de contrôles ou de comparutions. Né en avril 1990 ou en septembre 1994 selon le cas, dans telle ville de Tunisie ou dans telle autre, il totalise ainsi une quinzaine de condamnations, sous cinq casiers judiciaires différents. « Une chose est sûre, a noté la présidente du tribunal, les identités sont différentes, mais sur les fiches de recherche, ce sont toujours vos empreintes digitales et votre photo. » Expulsé l’an dernier en octobre, “Zied” a assuré qu’il n’était revenu dans le Var que depuis trois jours, via l’Italie. Il est reparti hier pour dix-huit mois ferme à La Farlède, avec en outre une interdiction définitive du territoire.
Routier balte : hic sur l’A
Dans la nuit de jeudi à vendredi, une patrouilleuse d’Escota, qui intervenait sur l’A8 à Roquebrune pour retirer un objet sur la chaussée, n’a dû son salut qu’à un plongeon par-dessus la glissière de sécurité. Un poids lourd qui roulait sur la Bande d’arrêt d’urgence (BAU) a percuté son fourgon d’intervention, malgré les gyrophares signalant le danger. Le routier ne s’est pas arrêté pour autant, pas plus qu’il ne s’est arrêté quelques centaines de mètres plus loin, après avoir percuté la glissière. Ce n’est que six kilomètres en aval que les gendarmes du peloton autoroutier ont découvert le camion, arrêté sur la BAU, hors d’état de poursuivre sa route. Au volant, Janis, un chauffeur lituanien de 52 ans, avait 2,78 g/l d’alcoolémie. Il a soutenu qu’il s’était bien arrêté après l’accident avec le fourgon d’Escota, et qu’en attendant les gendarmes, il avait bu une bouteille de vin pour patienter. Hier devant le tribunal, il a reconnu qu’il ne s’était pas arrêté, et indiqué qu’il ne se souvenait pas de grand-chose. Casier vierge, chauffeur poids lourd depuis trente-quatre ans, il transporte depuis seize ans du chocolat (à la liqueur ?) entre l’Italie et l’Espagne. Il a été condamné à six mois de prison avec maintien en détention, et il lui a été fait interdiction de conduire en France pendant un an.
Fréjus : la bosse du commerce de cannabis
De décembre 2016 à vendredi dernier, Édouard, 18 ans, a vécu quasi exclusivement du trafic de résine de cannabis à Fréjus. D’abord en tant que revendeur, mais depuis un mois à son propre compte. Et ce avec un certain succès, comme l’a constaté le tribunal, au vu des captures des messages que le jeune homme envoyait à sa clientèle. S’y étalaient les photos des produits qu’il proposait, avec des légendes dignes des meilleures campagnes commerciales : « arrivage massif », « stock inépuisable », « produit de qualité supérieure en promotion» C’est tout juste si Édouard ne proposait pas le paiement en trois fois sans frais. Il a été moins bien inspiré d’installer sa “boutique” dans une chambre d’hôtel, où les allées et venues incessantes de la clientèle, sous l’oeil des caméras de surveillance, ont fini par éveiller les soupçons. «J’ai fait ça pour payer le loyer, parce que je n’ai pas trouvé de boulot, a-t-il indiqué. Mais j’ai décidé de changer tout ça. » Auparavant Édouard devra payer sa dette judiciaire : trois ans de prison, dont un avec sursis et mise à l’épreuve.