Var-Matin (Grand Toulon)

Sur les talons du maître étalon

Le talonneur Anthony Etrillard s’affirme, match après match, comme une pièce essentiell­e de la mêlée toulonnais­e. Au point de concurrenc­er le maillon fort, Guilhem Guirado

- RAPHAËL COIFFIER *dohatsu : heureux en basque

Son entraîneme­nt a été écourté. Alors que ses coéquipier­s s’agitent comme des bourdons sur le pré de Berg, Anthony Etrillard s’est écroulé. Les bras en croix. Face contre terre... Mais le Basque est dur au mal. Lèvre ouverte, filet de sang serpentant sur le menton, il se relève. Sourit. De toutes ses dents. Au final, plus de peur que de mal... Tant mieux car le RCT compte sur le talent de son talon, samedi prochain à Agen. En effet, en l’absence du menhir Guirado - retenu avec les Bleus - le Bayonnais devra tenir les fondations de la mêlée. En tête de gondole !

Plus de douleurs aux cervicales

Un rôle moteur qu’il assume avec bonheur. Avec déjà cinq titularisa­tions en huit journées de Top 14. « J’ai du temps de jeu, c’est cool. Mes performanc­es ont fait que les coaches ont confiance en moi. C’est plutôt satisfaisa­nt... » Le verbe simple. La phrase courte. Etrillard ne s’embarrasse pas de points d’exclamatio­n sur ses performanc­es. Force tranquille, il remplit son office. En élève appliqué sur son devoir après une série noire... « Je suis enfin sorti d’une saison compliquée. Où je n’ai joué que des bouts de matches... » La faute à une opération des cervicales. Un sale moment désormais au fond du tiroir. « Je n’ai plus aucune douleur. Je suis à 100 % ! » Ses performanc­es en témoignent, avec même un essai au compteur face au Stade Toulousain. Mais « l’étrille » ne se contente pas de ce menu fretin. Il en pince pour les banquets. « Bien sûr que j’en veux toujours plus. Que je suis exigeant avec moi-même. J’aimerais par exemple améliorer mes accélérati­ons. Donner davantage de mouvement à mon jeu... » Et ainsi répondre à la philosophi­e de Fabien Galthié et son staff. Le talon s’y atèle. Sans relâche. Récoltant les fruits de son labeur. Pour preuve, sa deuxième sélection avec les Barbarians - qu’il rejoindra lundi afin de défier, le 10 novembre à Bordeaux, les Maoris All Blacks. Un morceau aussi dur qu’une semelle !

Les Bleus dans un coin de la tête

« Ça va être compliqué. Il y aura du golgoth en face de nous... » Il y aura aussi un Haka à digérer avant même de passer à table. «Un moment toujours particulie­r à vivre... » Insuffisan­t pour effrayer le « dohatsu »* de la rade qui aura à chaperonne­r les minots Rebbadj et Setiano, également retenus avec les Baa-Baas, antichambr­e de cette équipe de France dont il aimerait, un jour, s’ouvrir les portes. « J’y pense, oui et non. C’est humain. Mais il faut d’abord être bon avec Toulon pour s’offrir cette chance, et la coupe du monde 2019, elle est encore loin... » Il n’empêche que le gaillard,

épisode après épisode, se rapproche de l’académie des éternels. Pas question toutefois de brûler les étapes... Etrillard a une équipe à porter sur ses larges épaules. Un club à défendre. Un étendard rouge et noir à déployer sur la France et l’Europe. Des titres à ramener au port, au choeur de la liesse populaire... Alors il pourra savourer le repos du guerrier sur les bords de l’Adour. Un brin de muguet au coin de la bouche...

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(Photos L. Boutria et AFP) Touché à la lèvre à l’entraîneme­nt, Etrillard sera quand même prêt pour Agen.
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