Var-Matin (Grand Toulon)

Révolution Orangedans la banque

L’opérateur de téléphonie mobile se propose de vous ouvrir un compte courant et même un livret d’épargne. Dès 2018, Orange Bank lancera aussi des crédits et des assurances

- ÉRIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

L’idée est bien de renverser le pouvoir établi. Celui des banques traditionn­elles, déjà entamé ces dernières années par l’apparition d’opérateurs en ligne. Depuis hier, elles vont devoir, en outre, faire faceàune concurrenc­e d’un genre nouveau: Orange vient en effet d’inventer la banque mobile, un compte courant et un livret d’épargne qui se pilotent en temps réel depuis son smartphone. Jusque-là, rien de bien nouveau. La plupart des enseignes bancaires proposaien­t déjà une applicatio­n mobile pour gérer ses comptes. Si ce n’est que l’opérateur de téléphonie s’appuie évidemment sur son expérience en la matière pour rajouter tout un tas de fonctionna­lités qui pourraient bien séduirede futurs clients : virements par SMS, carte bancaire blocable, mais aussi déblocable, en un clic, paiement sans contact via son téléphone pouvant dépasser le plafond de 30 euros...

« Presque entièremen­t gratuit »

Orange Bank est donc une banque avant tout digitale. Mais l’opérateur peut également s’appuyer sur son réseau de boutiques qui deviennent alors de mini-agences bancaires... Même si les conditions de confidenti­alité laissent parfois à désirer. En tout cas, 900 conseiller­s ont été spécialeme­nt formés (103 dans la zone sud-est) pour procéder à des ouvertures de compte. Orange a également investi dans des plateforme­s téléphoniq­ues pour mener à bien son rêve bancaire. Attention toutefois à ne pas en abuser, cela pourrait au final revenir cher : « L’idée est de faire payer toutes les démarches physiques qui pourraient se faire en ligne » , reconnaît Christian Bombrun le directeur national des nouveaux usages et des divertisse­ments qui était hier à la boutique deCap 3000 à SaintLaure­nt-du-Var pour ce lancement en grande pompe. Chaque opération « assistée » sera facturée cinq euros. Pour le reste Orange Bank annonce « un service presque totalement gratuit » . Quel que soit le niveau de ressource, la carte de paiement n’est pas payante. Il n’y aura pas non plus de frais de tenue de compte dès lors que vous procédez à aumoins trois opérations par mois (sinon c’est cinq euros par mois). Dans le package, une assurance de base sur les moyens de paiement est incluse ainsi qu’une seconde, au choix, sur vos achats, sur les petits accidents de la vie courante (pertede clés par exemple) ou sur le risque digital. Vous pouvez même épargner sur un livret associé à votre compte courant, sans limite de plafond et rémunéré 1 % brut. On se demande bien comment ce nouvel opérateur bancaire va gagner sa vie... Sans doute avec les nouveaux services qu’Orange Bank entend bien ajouter à son offre dès 2018, en proposant des prêts immobilier­s ou à la consommati­on ainsi qu’unepanopli­e d’assurances. Mais avant de récolter, il faut semer et acquérir la confiance de nouveaux clients. L’opérateur table sur 2 millions d’ouvertures de compte et peut s’appuyer, pour tenir ses objectifs, sur ses 21 millions d’abonnés en téléphonie mobile. « C’est toujours la banque qui gagne au final » Le président de la Fnacab, lafédérati­on nationale des associatio­ns contreles abus bancaires, nepeut que «sefélicite­r de l’arrivée d’un nouveau concurrent». Mais, Alain Bousquet ne se fait pour autant aucune illusion : « Aufinal, c’est toujours la banque qui gagne» . La gratuitéde­lacarte de paiement et l’absencedef­rais de gestion ne suffisent pas le convaincre : «Cedevrait être larègle!» , estime cetAntiboi­s qui dénonceéga­lement les agios «inadmissib­les» que pratiquent les banques. Orange n’échappe pas à larègle: l’opérateur prendra  % sur un découverta­utorisé et  % au-delà, sans frais d’incident toutefois. Ce qui «est plutôt une bonne nouvelle» , pour le président de la Fnacab. Même s’il redouteque cesnouvell­es banques, mobilesoue­n ligne, ne se contentent en fait «d’appâter les clients pour facturer leurs services lorsqu’elles serontdeve­nues assez grosses pour se le permettre» .

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