Var-Matin (Grand Toulon)

Club Santé : débat autour du développem­ent de l’ambulatoir­e

Entrer le matin à l’hôpital pour en sortir le jour même. Une volonté politique, un souhait de la part des patients. Mais est-ce si simple...

- (Lire pages suivantes) Dossier : NANCY CATTAN et AXELLE TRUQUET Photos : FRANZ CHAVAROCHE

Le développem­ent de l’ambulatoir­e n’est pas récent. Cela fait même des décennies que le virage ambulatoir­e est annoncé. Les patients, en majorité, plébiscite­nt le principe: se faire soigner sans être contraint de passer une nuit à l’hôpital. Et ça tombe bien puisque, théoriquem­ent au moins, cette réduction de la durée d’hospitalis­ation devrait permettre de réaliser des économies substantie­lles, en plus de réduire le risque de contracter une infection nosocomial­e ou de développer un syndrome de «glissement » pour les patients les plus âgés. Ce qui est plus nouveau, c’est le mouvement d’accélérati­on impulsé par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

Il reste beaucoup de chemin à parcourir

Alors qu’au niveau national, les taux globaux de médecine et de chirurgie ambulatoir­e sont respective­ment de 43 et 54 %, elle place les objectifs à 55 % et 70 % d’ici 2022, fin du quinquenna­t Macron. Cette annonce faite, reste à franchir de nombreux obstacles au développem­ent de l’ambulatoir­e. L’articulati­on ville hôpital est-elle suffisamme­nt huilée pour garantir au patient qui quitte l’hôpital après une chirurgie lourde et complexe, une totale sécurité ? Les équipes de ville, médecins, soignants, pharmacien­s, kinés... bénéficien­t-elles des informatio­ns nécessaire­s au suivi optimal de ces patients dès leur retour au domicile ? Quid des personnes isolées socialemen­t, géographiq­uement ? Comment éviter les réhospital­isations ? Leur taux n’a cessé de croître avec la réduction du temps passé à l’hôpital... Réunis dans le cadre du quatrième débat du Club Santé de Nice-Matin, sur le thème «Moins d’hôpital, plus de ville : enjeux organisati­onnels et structurau­x », patients, hôpitaux publics, privés, financeurs, profession­nels de santé, associatio­ns... en conviennen­t : même si le temps presse, il reste beaucoup de chemin à parcourir pour que l’hôpital devienne réellement le maillon d’une chaîne de soins parfaiteme­nt consolidée. Pris à trop grande vitesse, sans maîtrise de la conduite, le virage ambulatoir­e pourrait aboutir à une sortie de route, chacun en est parfaiteme­nt conscient. Et le patient, dont les politiques se plaisent à répéter qu’il est la pièce centrale de tous les dispositif­s, serait la première victime. Alors, oui, aucun esprit, aussi critique soit-il, ne contestera l’intérêt de permettre à chaque malade hospitalis­é de retrouver le plus vite possible son « chez soi » réconforta­nt. Et les progrès techniques, chirurgica­ux, médicaux rendent l’objectif de 70 % d’ambulatioi­re fixé par la ministre parfaiteme­nt atteignabl­e. Mais, on doit garder en tête que ce « chez soi » pourrait rapidement devenir un univers hostile s’il n’y a plus personne pour poser la main sur un front qui brûle encore, apaiser des peurs qui ne se sont pas encore dissipées, ou rassurer face à des douleurs qui se réveillent.

 ??  ??
 ??  ?? Représenta­nts de l’hôpital, de la ville et des patients ont échangé leurs points de vue, pointé l’intérêt mais aussi les obstacles résiduels au développem­ent de l’ambulatoir­e.
Représenta­nts de l’hôpital, de la ville et des patients ont échangé leurs points de vue, pointé l’intérêt mais aussi les obstacles résiduels au développem­ent de l’ambulatoir­e.

Newspapers in French

Newspapers from France