Une année bien chargée pour le président du BTP
La directive européenne sur les travailleurs détachés et le déploiement de la carte BTP occupent largement Jean-Jacques Castillon, qui achève sa première année de mandat dans le Var
Le président de la Fédération du bâtiment et des travaux publics, Jean-Jacques Castillon, devrait rencontrer demain, les députés La République en marche Cécile Muschotti, Fabien Matras, Sereine Mauborgne et Émilie Guerel pour évoquer l’actualité et les problématiques de la profession. Il achève sa première année de mandat sur une note d’optimisme mesurée, tant il sait combien les difficultés sont encore criantes pour les professionnels du bâtiment et des travaux publics, en particulier en matière de concurrence et… de retards de paiement.
Comment se porte le secteur du bâtiment et des travaux publics ? Ça va mieux mais il y a encore beaucoup à faire, en particulier dans le secteur privé car les donneurs d’ordre ne sont pas encore assez confiants pour réinvestir dans la pierre. Mais aussi les professionnels dans les locaux pour exercer leurs activités.
Quelles sont les difficultés auxquelles les entreprises doivent faire face ? La concurrence des travailleurs détachés, mais aussi les retards de paiement pour le secteur des travaux publics. Nous avons eu ce souci avec la Défense il y a plusieurs années, lors de leur changement de logiciel ; cette fois, c’est avec la commande publique. Des mandats, émis en juillet, n’ont toujours pas été réglés, et certaines de nos entreprises ont dû faire face à de réelles difficultés de trésorerie. La fédération a dû intervenir afin que des « ordres de priorité » soient donnés.
Emmanuel Macron entend revoir la directive européenne relative aux travailleurs détachés. C’est une satisfaction pour vous ? Effectivement. On ne peut pas continuer à subir cette forme de concurrence déloyale. Et c’est dans la logique des choses qu’un accord européen vienne uniformiser la couverture sociale des travailleurs, d’un pays à l’autre.
La baisse des charges salariales annoncée dans le cadre de la réforme du Code du travail doit également vous satisfaire ? C’est souhaitable en effet, surtout lorsqu’il faut faire face à une baisse ou à une hausse d’activité. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous faisons beaucoup appel à l’intérim.
Mais l’intérim ne risque-t-il pas de souffrir de la réforme du Code du travail, qui prévoit justement de pouvoir embaucher et débaucher plus facilement…
La taxation des contrats courts risque également de porter un coup à l’intérim. Nos entreprises prennent des intérimaires pour faire face sans difficulté à un retournement de conjoncture. Est-ce que demain le nouveau cadre légal va permettre aux entreprises de sortir de cette habitude-là ? On le verra à l’épreuve des faits. Le secteur du bâtiment est un marché erratique, il est difficile de s’adapter aussi rapidement à la demande sans faire appel, pour l’instant, à l’intérim.
Où en est le déploiement dans le Var de la « carte BTP » ? Le dispositif est applicable depuis début août. Mais nos entreprises ne sont pas toutes à jour pour l’instant. Cela demande un peu de logistique, en particulier pour les artisans… Ensuite, je dirai que ce dispositif sera des plus efficaces dès lors que les organismes de contrôle – et en particulier la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) – se donnent les moyens d’effectuer ces contrôles, dans la semaine comme le week-end, le soir, etc. Il ne sert à rien d’imposer aux entreprises cette carte – qui coûte tout de même près de euros par salariés – si derrière, les contrôles ne suivent pas. De plus, ce dispositif concerne aussi bien les salariés que les intérimaires et les travailleurs détachés.
Où en est le projet de CFA du bâtiment de Draguignan, sur l’échiquier régional de la formation ? Le projet a été validé en juin, par Renaud Muselier… Juste avant les élections législatives. La Région compte parmi les principaux financeurs de ce projet, à hauteur de %, aux côtés des instances de l’apprentissage et de la profession. La communauté d’agglomération dracénoise nous a cédé ce terrain et le centre accueillera jeunes. Nous devons déterminer les formations diplômantes, que nous voulons au-delà du CAP ou le BEP. On se dirige ici vers les formations du numérique, les économies du numérique, etc. J’ajoute que ce projet s’inscrit dans le cadre du redéploiement et de la rénovation du CFA de Toulon. Nous n’avons pas l’entière main sur les formations qui y seront dispensées, mais nous pouvons tout de même donner notre avis sur la question, et nous entendons montrer dans quel sens doit aller l’évolution pour éviter le décalage entre la formation et les besoins du terrain. Les entreprises ont besoin de main-d’oeuvre dont les compétences vont au-delà de celles, premières, de l’entreprise. On va viser plus haut que le CAP ou le BEP.
Vous espérez poser la première pierre avant la fin de votre mandat ? Cela ne dépend pas de moi mais je l’espère oui ! Vous savez, quand j’ai pris la présidence de la délégation du BTP de Draguignan en , Serge Ramonda alors président départemental, nous avait donné pour mission de trouver un terrain… Cela fait ans que l’on traîne ce dossier. Et chaque fois qu’il y a une élection, ça s’agite. En nous appuyant sur l’effet d’annonce de juin dernier, nous avons proposé à la Région, une séance de travail. Au pire, on a déjà envisagé une ouverture pour la rentrée . Et comme sera une année électorale… Cela risque de bouger avant ! 1. Sereigne Mauborgne sera représentée par son attaché parlementaire. Valérie Gomez-Bassac est excusée. 2. Jean-Jacques Castillon a été élu il y a presque un an à la présidence de la FBTP. Le mandat est de trois ans et peut-être renouvelé une fois.