Var-Matin (Grand Toulon)

Des Mentonnais émules des terroriste­s de Westminste­r

Avec peu de moyens mais une effrayante déterminat­ion, il se confirme que cinq Mentonnais préparaien­t un attentat. Voitures-béliers et couteaux étaient envisagés pour semer le chaos

- CHRISTOPHE PERRIN

L’attentat de Westminste­r survenu le 22 mars dernier à Londres, inspirait-il les suspects, âgés de 18 à 65 ans, arrêtés à Menton, à Aix-en-Provence, en région parisienne et en Suisse mardi matin ? Sous surveillan­ce depuis des mois, Yannis, Yacine, Jordan et les autres envisageai­ent de lancer des voitures-béliers dans la foule et d’attaquer des policiers à l’arme blanche. Un scénario qui rappelle étrangemen­t l’attaque coordonnée sur le pont de Westminste­r, le printemps dernier. Les islamistes radicalisé­s mentonnais envisageai­ent-ils de passer à l’action à Marseille, Nice, Menton, Cannes ou ailleurs ? Impossible, à ce stade, de savoir si le lieu de l’attaque, que la police judiciaire niçoise et la DGSI redoutaien­t ces derniers jours, avait déjà été déterminé. En tout cas, la menace a été jugée suffisamme­nt sérieuse pour déclencher une opération de police mardi à l’aube.

Imam bosniaque

Les dix personnes interrogée­s depuis deux jours sous le régime de la garde à vue en diront peut-être davantage sur leurs funestes desseins. Près d’une soixantain­e d’enquêteurs parisiens et niçois sont à pied d’oeuvre à la caserne Auvare où les cinq Mentonnais sont retenus. Les policiers comptent également sur l’analyse de leurs ordinateur­s et des téléphones saisis en perquisiti­on. En revanche, ni arme, ni explosif n’a été trouvé dans les appartemen­ts, les caves et les véhicules fouillés à Menton et dans le Val-de-Marne. Ce qui confirme l’hypothèse de terroriste­s low cost. « Il y avait un projet d’action violente aux contours mal défini s », explique le parquet de Paris. « Les cibles n’étaient pas déterminée­s », a affirmé hier le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui a évoqué « l’influence d’un prétendu imam qui a endoctriné les autres ». Milutin J, un homme d’origine bosniaque installé en Suisse, était semble-t-il le maître à penser de ce réseau. Ce dernier n’était connu de la justice helvétique que pour une affaire de violences conjugales. Un drapeau de Daesh avait été trouvé à son domicile mais n’avait pas donné lieu à des poursuites. Il semble qu’il avait une influence certaine sur les jeunes Mentonnais, surveillés par la Sécurité intérieure depuis deux ans. Un porte-parole du parquet de Paris parle « d’échanges intenses sur différents types de passages à l’acte possibles ». Sans plus de précision.

Effrayante­s fratries

À l’instar des Merah, Clain, Kouachi, El Bakraoui, Tsarnaev, Abdeslam… Les frères Ziari et Lanvin, qui ont grandi dans le quartier du Careï à Menton, viennent allonger la liste interminab­le des fratries terroriste­s. Des jeunes en perte de repères, en rupture familiale, qui compensent par des liens fraternels très forts une influence parentale défaillant­e. À Menton, les quatre jeunes bénéficiai­ent également d’un entraîneme­nt physique intense. Leur professeur, un Mentonnais, retraité de l’armée, leur transmetta­it son savoir-faire. Les suspects doivent être ramenés à Paris demain, par avion, pour être présentés à un juge d’instructio­n. Ils seront mis en examen pour « associatio­n de malfaiteur­s dans le cadre d’une entreprise terroriste criminelle» et « provocatio­n directe à un acte terroriste par moyen de communicat­ion ».

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(Photo M. Alesi) C’est dans cet immeuble qu’ont été effectuées plusieurs interpella­tions mardi matin.

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