Des Mentonnais émules des terroristes de Westminster
Avec peu de moyens mais une effrayante détermination, il se confirme que cinq Mentonnais préparaient un attentat. Voitures-béliers et couteaux étaient envisagés pour semer le chaos
L’attentat de Westminster survenu le 22 mars dernier à Londres, inspirait-il les suspects, âgés de 18 à 65 ans, arrêtés à Menton, à Aix-en-Provence, en région parisienne et en Suisse mardi matin ? Sous surveillance depuis des mois, Yannis, Yacine, Jordan et les autres envisageaient de lancer des voitures-béliers dans la foule et d’attaquer des policiers à l’arme blanche. Un scénario qui rappelle étrangement l’attaque coordonnée sur le pont de Westminster, le printemps dernier. Les islamistes radicalisés mentonnais envisageaient-ils de passer à l’action à Marseille, Nice, Menton, Cannes ou ailleurs ? Impossible, à ce stade, de savoir si le lieu de l’attaque, que la police judiciaire niçoise et la DGSI redoutaient ces derniers jours, avait déjà été déterminé. En tout cas, la menace a été jugée suffisamment sérieuse pour déclencher une opération de police mardi à l’aube.
Imam bosniaque
Les dix personnes interrogées depuis deux jours sous le régime de la garde à vue en diront peut-être davantage sur leurs funestes desseins. Près d’une soixantaine d’enquêteurs parisiens et niçois sont à pied d’oeuvre à la caserne Auvare où les cinq Mentonnais sont retenus. Les policiers comptent également sur l’analyse de leurs ordinateurs et des téléphones saisis en perquisition. En revanche, ni arme, ni explosif n’a été trouvé dans les appartements, les caves et les véhicules fouillés à Menton et dans le Val-de-Marne. Ce qui confirme l’hypothèse de terroristes low cost. « Il y avait un projet d’action violente aux contours mal défini s », explique le parquet de Paris. « Les cibles n’étaient pas déterminées », a affirmé hier le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui a évoqué « l’influence d’un prétendu imam qui a endoctriné les autres ». Milutin J, un homme d’origine bosniaque installé en Suisse, était semble-t-il le maître à penser de ce réseau. Ce dernier n’était connu de la justice helvétique que pour une affaire de violences conjugales. Un drapeau de Daesh avait été trouvé à son domicile mais n’avait pas donné lieu à des poursuites. Il semble qu’il avait une influence certaine sur les jeunes Mentonnais, surveillés par la Sécurité intérieure depuis deux ans. Un porte-parole du parquet de Paris parle « d’échanges intenses sur différents types de passages à l’acte possibles ». Sans plus de précision.
Effrayantes fratries
À l’instar des Merah, Clain, Kouachi, El Bakraoui, Tsarnaev, Abdeslam… Les frères Ziari et Lanvin, qui ont grandi dans le quartier du Careï à Menton, viennent allonger la liste interminable des fratries terroristes. Des jeunes en perte de repères, en rupture familiale, qui compensent par des liens fraternels très forts une influence parentale défaillante. À Menton, les quatre jeunes bénéficiaient également d’un entraînement physique intense. Leur professeur, un Mentonnais, retraité de l’armée, leur transmettait son savoir-faire. Les suspects doivent être ramenés à Paris demain, par avion, pour être présentés à un juge d’instruction. Ils seront mis en examen pour « association de malfaiteurs dans le cadre d’une entreprise terroriste criminelle» et « provocation directe à un acte terroriste par moyen de communication ».