Var-Matin (Grand Toulon)

Sur les traces des Lanvin, frères «fantômes» de la route de Sospel

- G.B.-B.

Au pied de l’immeuble de sept étages où les frères Lanvin résidaient, la stupeur se mêle à l’incompréhe­nsion. Interpellé­s mardi aux aurores par des policiers du Raid et de la BRI (brigade de recherche et d’interventi­on), les deux frères – comme trois autres suspects Mentonnais – sont accusés d’avoir eu des conversati­ons suspectes sur la messagerie cryptée Telegram. Des échanges suffisamme­nt inquiétant­s pour qu’ils soient visés par une informatio­n judiciaire ouverte par le parquet de Paris en juillet pour « associatio­n de malfaiteur­s en vue d’une entreprise terroriste». Mais qui étaient ces deux frères de 27 et 28 ans, résidant chez leur mère, au 69 route de Sospel, dans le bloc A de l’immeuble San Antonio? « Ils se sont installés dans l’immeuble il y a environ 7 ans, mais dans le quartier, ils étaient invisibles », réagit un habitant de la résidence, encore sous le choc. Il s’interroge: « Comment différenci­er quelqu’un de normal d’un activiste qui se fait discret? Rien ne laissait penser qu’ils étaient activistes».

« Une barbe de plus en plus fournie »

Le voisinage évoque deux frères à l’allure «tout à fait banale» et à l’attitude «polie», «souriante», mais particuliè­rement discrète. «Les seules fois où on les apercevait, c’était quand ils garaient leur voiture», assure une résidente de l’immeuble voisin. «C’était des fantômes», dit-elle. Pourtant, certains habitants du quartier évoquent un changement brutal d’attitude de la part du cadet de la fratrie, Jordan. «Ilya deux ans, l’aîné s’est éloigné quelques temps. On ne le voyait plus du tout. Et le plus jeune, qui s’habillait comme n’importe quel gamin de son âge, a commencé à porter des vêtements de plus en plus amples et une barbe de plus en plus fournie », se souvient un commerçant du quartier. Il n’en reste pas moins abasourdi par la nouvelle de leur interpella­tion. « On peut porter une barbe et une djellabah mais ça ne fait pas de vous un terroriste. Pour moi, c’était des Messieurs tout le monde.» Même son de cloche à la salle de prière musulmane, située au 113 avenue de Sospel, à moins d’un kilomètre du San Antonio. «Jamais entendu parler d’eux. Leur nom ne me dit rien du tout» , témoigne le responsabl­e des lieux, appuyé par les fidèles. Qui sont donc ces deux hommes de 27 et 28 ans, à peine reconnus dans leur quartier? Comment sont-ils tombés dans l’islam radical alors que rien ne semblait les y prédispose­r? Quelles étaient leurs motivation­s précises ? L’enquête le déterminer­a avec plus de précisions.

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