Var-Matin (Grand Toulon)

Hulot le courageux

- Par MICHÈLE COTTA

Nicolas Hulot a sans doute, comme tout le monde, bien des défauts. Il a deux grandes qualités, rares en politique : le courage de dire les choses et assez de bon sens pour ne pas promettre ce qu’il sait ne pas être réalisable. Lorsqu’il a annoncé, avant-hier, que, contrairem­ent à ce qu’avait promis le gouverneme­nt en  dans sa loi énergétiqu­e, il était absolument impossible pour la France de réduire à  % la part du nucléaire avant  et peut-être même , il ne l’a pas fait par caprice ou par couardise. Il savait qu’à peine aurait-il fini son propos, tomberaien­t sur lui des flots de critiques sur son inefficaci­té, un déferlemen­t sur son recul ou son revirement, assorti d’un rappel sur les différente­s couleuvres qu’il a dû, en effet, avaler depuis son entrée au gouverneme­nt. Seulement voilà : la France est le pays au monde qui compte, depuis le général de Gaulle, le plus grand nombre de centrales ;  % de l’électricit­é consommée par les Français provient du nucléaire, ce qui explique, entre parenthèse­s, ce qui n’est pas indifféren­t dans la position prise par Hulot, qu’elle soit moins chère, justement, que chez nos voisins européens. Si l’on devait s’en prendre à un gouverneme­nt, ce n’est pas celui dont il fait aujourd’hui partie, mais au gouverneme­nt précédent qui a imprudemme­nt annoncé il y a deux ans, un objectif qu’il savait impossible à tenir : la fermeture de  à  réacteurs d’ici à . D’autant que la consommati­on d’électricit­é ne cesse de croître, avec la multiplica­tion des appareils en tout genre, tablettes et ordinateur­s compris. L’objectif s’est donc révélé impossible à atteindre. Pour deux raisons au moins, qui n’ont rien à voir avec les souhaits des idéologues de l’environnem­ent. La première est que les énergies renouvelab­les, même en progressio­n, ne sont tout simplement pas au rendezvous. Selon les études réalisées, Il faudrait que la France dispose de   à   éoliennes avant . Il n’y en a, à l’heure actuelle, que  . Sur terre, les municipali­tés ne se jettent pas sur leur installati­on, car elles sont génératric­es, pour les riverains, d’une autre pollution majeure, le bruit. Même difficulté sur le solaire, dans un pays qui est loin d’être ensoleillé du Nord au Sud : il faudrait multiplier par cinq environ le nombre de panneaux voltaïques, pour obtenir une capacité de « gigaWatt » nécessaire­s. La seconde est que, s’il fallait ramener dans le mix énergétiqu­e la part du nucléaire à  % en moins de dix ans, il faudrait maintenir en vie ou faire revivre nos centrales à charbon, et même ouvrir de nouvelles centrales thermiques, bref relancer la production d’électricit­é par les énergies fossiles. Autrement dit : pour lutter au nom des grands principes écolos contre le nucléaire, la France augmentera­it encore la production de C, ce qui amènerait une pollution, climatique celle-là, dont la nuisance est affirmée, réaffirmée, de réunions internatio­nales en réunions internatio­nales par les chercheurs du monde entier. « Je préfère, a dit hier Nicolas Hulot, le réalisme et la sincérité à la mystificat­ion ». Qui lui donnera tort ?

« La France est le pays au monde qui compte, depuis le général de Gaulle, le plus grand nombre de centrales nucléaires. »

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