Hulot le courageux
Nicolas Hulot a sans doute, comme tout le monde, bien des défauts. Il a deux grandes qualités, rares en politique : le courage de dire les choses et assez de bon sens pour ne pas promettre ce qu’il sait ne pas être réalisable. Lorsqu’il a annoncé, avant-hier, que, contrairement à ce qu’avait promis le gouvernement en dans sa loi énergétique, il était absolument impossible pour la France de réduire à % la part du nucléaire avant et peut-être même , il ne l’a pas fait par caprice ou par couardise. Il savait qu’à peine aurait-il fini son propos, tomberaient sur lui des flots de critiques sur son inefficacité, un déferlement sur son recul ou son revirement, assorti d’un rappel sur les différentes couleuvres qu’il a dû, en effet, avaler depuis son entrée au gouvernement. Seulement voilà : la France est le pays au monde qui compte, depuis le général de Gaulle, le plus grand nombre de centrales ; % de l’électricité consommée par les Français provient du nucléaire, ce qui explique, entre parenthèses, ce qui n’est pas indifférent dans la position prise par Hulot, qu’elle soit moins chère, justement, que chez nos voisins européens. Si l’on devait s’en prendre à un gouvernement, ce n’est pas celui dont il fait aujourd’hui partie, mais au gouvernement précédent qui a imprudemment annoncé il y a deux ans, un objectif qu’il savait impossible à tenir : la fermeture de à réacteurs d’ici à . D’autant que la consommation d’électricité ne cesse de croître, avec la multiplication des appareils en tout genre, tablettes et ordinateurs compris. L’objectif s’est donc révélé impossible à atteindre. Pour deux raisons au moins, qui n’ont rien à voir avec les souhaits des idéologues de l’environnement. La première est que les énergies renouvelables, même en progression, ne sont tout simplement pas au rendezvous. Selon les études réalisées, Il faudrait que la France dispose de à éoliennes avant . Il n’y en a, à l’heure actuelle, que . Sur terre, les municipalités ne se jettent pas sur leur installation, car elles sont génératrices, pour les riverains, d’une autre pollution majeure, le bruit. Même difficulté sur le solaire, dans un pays qui est loin d’être ensoleillé du Nord au Sud : il faudrait multiplier par cinq environ le nombre de panneaux voltaïques, pour obtenir une capacité de « gigaWatt » nécessaires. La seconde est que, s’il fallait ramener dans le mix énergétique la part du nucléaire à % en moins de dix ans, il faudrait maintenir en vie ou faire revivre nos centrales à charbon, et même ouvrir de nouvelles centrales thermiques, bref relancer la production d’électricité par les énergies fossiles. Autrement dit : pour lutter au nom des grands principes écolos contre le nucléaire, la France augmenterait encore la production de C, ce qui amènerait une pollution, climatique celle-là, dont la nuisance est affirmée, réaffirmée, de réunions internationales en réunions internationales par les chercheurs du monde entier. « Je préfère, a dit hier Nicolas Hulot, le réalisme et la sincérité à la mystification ». Qui lui donnera tort ?
« La France est le pays au monde qui compte, depuis le général de Gaulle, le plus grand nombre de centrales nucléaires. »