Var-Matin (Grand Toulon)

Dépression : prise en charge insuffisan­te

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Une personne sur cinq souffre dans sa vie d’un épisode dépressif et pourtant la prise en charge de la dépression n’est pas satisfaisa­nte en France, selon la Haute Autorité de santé (HAS) qui relève, entre autres, un « mauvais usage des antidépres­seurs ». « Environ 40 % des personnes souffrant de dépression ne recourent pas aux soins dans notre pays, ce qui a des effets délétères sur leur vie quotidienn­e et aggrave le risque de suicide », note l’autorité sanitaire, qui a publié, hier, des recommanda­tions pour aider les médecins généralist­es, « en première ligne pour détecter cette maladie ». « Certaines déprimes passagères ou certains troubles psychiques graves sont parfois pris pour des dépression­s et traités de façon inadéquate », souligne-t-elle. La HAS rappelle que pour établir un diagnostic de dépression, il faut s’assurer du cumul de différents symptômes (humeur dépressive, perte d’intérêt ou d’énergie mais aussi concentrat­ion réduite, diminution de l’estime de soi, sentiment de culpabilit­é, idées et comporteme­nt suicidaire­s ou encore troubles du sommeil ou de l’appétit) qui se manifesten­t de manière quotidienn­e, depuis au moins deux semaines et avec une certaine intensité.

Vigilance en période de deuil

Quelle que soit l’intensité de la dépression, l’évaluation des idées ou intentions suicidaire­s est nécessaire, et l’hospitalis­ation envisagée si le risque est élevé, ajoutet-elle. Les personnes âgées ou en deuil et les femmes qui viennent d’accoucher doivent faire l’objet d’une « vigilance particuliè­re », souligne-t-elle aussi. « Même lorsque la dépression est correcteme­nt diagnostiq­uée, on observe souvent un mauvais usage des antidépres­seurs: trop souvent prescrits pour des dépression­s légères, pas assez dans des dépression­s sévères, ou délivrés sans psychothér­apie ni suivi », déplore la HAS. Le recours aux antidépres­seurs doit être limité à certains cas, suivi et associé à une psychothér­apie. Il n’est pas indiqué pour les dépression­s légères, mais doit être prescrits d’emblée dans les formes sévères, explique l’organisme.

Arrêt progressif sous contrôle médical

Elle recommande des consultati­ons régulières « toutes les 4 à 8 semaines pour évaluer la tolérance et l’efficacité du traitement, le moduler si besoin, et surveiller d’éventuels comporteme­nts suicidaire­s ou des facteurs extérieurs pouvant les déclencher ». Une fois les symptômes disparus, le traitement médicament­eux devra être poursuivi entre 6 et 12 mois pour prévenir le risque de rechute. L’arrêt « progressif » doit être accompagné par le médecin. « Quel que soit le niveau de dépression, la prise en charge repose e n premier lieu sur une assistance psychologi­que » qui peut tout à fait être conduite par le médecin traitant, par un psychologu­e ou un psychiatre « pour les cas complexes et/ou sévères notamment », ajoute la HAS.

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(Photo AFP) La Haute Autorité de santé pointe du doigt le mauvais usage des antidépres­seurs.

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