Var-Matin (Grand Toulon)

Le livre du jour

- THIERRY PRUDHON

La saison est aux confidence­s d’anciens conseiller­s de François Hollande. Après Gaspard Gantzer (nos éditions du  novembre), c’est Vincent Feltesse qui s’y colle. Ancien député de Gironde, il a oeuvré au plus près du chef de l’Etat de  à . Plongé dans la « lessiveuse » élyséenne et son tourbillon de réunions, Vincent Feltesse était notamment en charge du suivi de l’opinion, mais… « sans aucun budget pour effectuer des enquêtes », François Hollande ayant souhaité rompre avec les pratiques reprochées à Nicolas Sarkozy. De manière générale, il loue ainsi les économies de train de vie et la simplicité introduite­s à l’Elysée par Hollande, un Président « refusant que les moyens d’Etat soient utilisés à des fins personnell­es ». Un souci moral exacerbé qui le conduira à laisser publier sans relecture aucune le fameux livre Un Président ne devrait pas dire ça, qui précipiter­a sa chute, ou à se faire délibéréme­nt tremper sur l’île de Sein, par respect des anciens combattant­s non abrités. « La transparen­ce, François Hollande l’a poussée à son maximum. Je ne sais s’il est possible de revenir en arrière en cadenassan­t et en essayant de tout faire rentrer dans un joli scénario, tentative d’Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir. Je table plutôt sur l’échec. Le Moloch médiatique me semble trop fort. On ne peut lutter contre lui. » L’auteur révèle que lors du remaniemen­t de l’été , après l’éviction d’Arnaud Montebourg, c’est d’abord Louis Gallois qui avait été pressenti pour prendre le ministère de l’Economie. Contacté, il a décliné l’offre, laissant le champ libre à Emmanuel Macron. A quoi tient un destin ! Longtemps, François Hollande a « choyé et soutenu » son ministre phare, avant de se dessiller sur le tard. « Il m’a trahi avec méthode », pestera-t-il alors. Au final, Vincent Feltesse nous présente un François Hollande parfait honnête homme, qui se plaît à répéter qu’un « Président travaille pour son successeur », tout en pouvant parfois se révéler cassant, Valls et d’autres en ont fait les frais. Un « Sisyphe heureux » qui a fini écrasé par sa charge, triplement enferré dans la solitude, les bavardages et un dialogue de sourds avec la gauche radicale. De cette mandature, le conseiller repousse le droit d’inventaire : « De quel côté tombera la pièce? Du côté d’un Guy Mollet, homme de tous les renoncemen­ts ? Ou du côté d’un Gerhard Schröder, qui a fait bouger son pays et son parti à marche forcée, qui a réformé, mais a aussi cassé durablemen­t le SPD ? Il est trop tôt pour le dire.» de Vincent Feltesse, Plon, 420 pages, 19,90

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