Var-Matin (Grand Toulon)

« LA SERPE » : A DOUBLE TRANCHANT

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Un bon livre, c’est avant tout une bonne histoire. Celle de Henri Girard est juste incroyable. Accusé puis acquitté du triple meurtre à la serpe, en 1941, de son père, de sa tante et de leur bonne dans le sinistre château familial d’Escoire, dans le Périgord, Henri Girard connaîtra le succès neuf ans plus tard avec son roman Le Salaire de la peur, publié sous le pseudo de Georges Arnaud puis adapté au cinéma par Henri-Georges Clouzot. Soixante-quinze ans après ce fait divers qui fait encore causer au bistrot d’Escoire, Philippe Jaenada s’est improvisé détective. A loué une Opel Meriva à l’électroniq­ue facétieuse, retenu une chambre au Mercure de Périgueux pour se lancer sur les traces de Henri Girard. Entre pochade et reconstitu­tion historique, le récit de Philippe Jaenada est, tour à tour, chirurgica­l, désopilant et touchant. De digression en parenthèse, l’auteur passe du coq à l’âne, d’un siècle à l’autre, des bureaux de Vichy en 1940 à la terrasse du Balto de Périgueux aujourd’hui. En dépit de quelques longueurs, ce pavé (648 pages) se dévore comme un polar. On déteste Girard, ce sale type caractérie­l qui s’installe au piano, clope au bec, le lendemain des meurtres. On finit par comprendre, par défendre ce coupable idéal acquitté par une cour d’assises mais condamné à jamais par l’opinion. Un personnage à double facette. Un livre à double trachant.

DENIS CARREAUX

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