L’entretien se fera à Toulon
Longtemps en discussion, le lieu pour l’entretien des sous-marins nucléaires d’attaque de nouvelle génération a été choisi. Ce sera Toulon. Un bol d’air pour le chantier local de Naval group
Peu d’entreprises peuvent se vanter d’avoir une visibilité de 40 ans sur leur plan de charge. Depuis vendredi dernier, c’est le cas de Naval group (ex-DCNS) Toulon. Dans un bref communiqué, la ministre des Armées Florence Parly a en effet annoncé que le port militaire de Toulon avait été retenu pour la réalisation des arrêts techniques majeurs des Barracuda, les six futurs sous-marins nucléaires d’attaque de nouvelle génération dont le premier exemplaire devrait être livré à la Marine en 2020.
% du plan de charge
Pour le chantier varois de Naval group, que les Toulonnais continuent d’appeler arsenal, cette annonce met un terme à des années d’incertitudes. Au fil des changements de gouvernement, la question d’un éventuel transfert de l’entretien des SNA à Brest remontait régulièrement à la surface, tel un vieux serpent de mer, depuis une quinzaine d’années. Cette fois le débat est clos. Que ce soit pour les grands carénages, ou pour les entretiens courants, le maintien en condition opérationnelle des Barracuda se fera à Toulon, choisi depuis longtemps déjà pour être leur port base. Brest, qui accueille épisodiquement des SNA en mission dans l’Atlantique, n’aura qu’un rôle complémentaire. Assez curieusement, cette excellente nouvelle pour Naval group Toulon – pour rappel : l’entretien des SNA représente 45 % du plan de charge de l’établissement – n’a pratiquement pas été commentée sur les bords de la plus belle rade d’Europe. Seul le maire Hubert Falco a réagi, se disant « très satisfait de cette décision importante qui conforte la place stratégique de notre port militaire ». Les trois années de retard qu’accuse le programme Barracuda ne sont sans doute pas étrangères à cette discrétion. Initialement, le Suffren, numéro 1 de la série, devait en effet entrer en service cette année. Un mal pour un bien peut-être. Ce retard devrait en effet raccourcir de deux ans le creux de charge que redoutait l’établissement toulonnais. Sous couvert d’anonymat, un salarié de Naval group explique : « Pour pallier le retard du Suffren, on a proposé à la Marine nationale de prolonger la durée de vie du Rubis de plusieurs années. Si c’est accepté, le Rubis devra entrer au bassin en 2018 pour un arrêt technique d’environ 8 mois. Du coup, le dernier grand carénage d’un SNA d’ancienne génération, en l’occurrence la Perle, sera décalé de 18 mois. Entre cet ultime arrêt technique majeur et le troisième du porte-avions Charles-deGaulle programmé pour 2027, il n’y aura plus que six années de creux ».
De lourds aménagements à créer
Ce retard de livraison du Barracuda devrait également être mis à profit pour adapter les infrastructures. « Un chantier pharaonique de plusieurs centaines millions d’euros », commente Richard Roméo-Giberti, le secrétaire général de la CGT Naval group Toulon. D’après nos informations, le contrat de transformation d’un premier bassin de radoub situé au fond de la darse Missiessy aurait déjà été passé avec le Service des infrastructures de la Défense (1). Pour les deux autres bassins, on n’en est qu’au stade des études. Bien évidemment, ces travaux concernent également l’installation nucléaire de base secrète : la piscine où est stocké le combustible des réacteurs nucléaires des SNA. 1. Nous avons cherché à le joindre hier. En vain.