Un Craurois escroqué par son ex-petite amie
Fabrice (1), assis sur le banc des victimes, a dû entendre les qualificatifs dont l’affublaient les jeunes femmes, poursuivies devant le tribunal correctionnel de Toulon pour « abus de faiblesse d’une personne vulnérable ». « Con »,« un peu débile »,« très naïf »,« trop facile à avoir »,« il ne sait pas dire non »… En quelques mois, le jeune homme a été délesté de l’intégralité de son compte en banque. Jusqu’au dernier euro. À la manoeuvre, son ex-petite amie – sa première relation amoureuse alors qu’ils étaient lycéens à Hyères – aujourd’hui domiciliée dans le centre-ville de Toulon.
L’héritage d’une grand-mère
La jeune femme, 23 ans, s’est rapprochée de son « ex » en 2016. Lui a demandé de lui prêter 1 600 euros, remboursables à la fin de l’été. Les semaines suivantes, elle lui a demandé sa carte bancaire et son code au prétexte de retirer un RIB, soi-disant pour lui restituer la somme. « Je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai retiré de l’argent », confesse-t-elle à la barre. Les demandes de chèques et de cartes bancaires se sont succédé. « J’avais confiance, je croyais que c’était une bonne personne… », justifie spontanément Fabrice, qui a hérité de 30 000 euros, en mars dernier, après le décès d’une grand-mère. Nouveau canapé, restaurants, cadeaux – dont une escapade à Barcelone… La Toulonnaise a fait profiter de ses largesses sa concubine et une amie – également sur le banc des prévenues. Cette amie sera chargée de se faire passer pour une banquière afin de soutirer, par téléphone, les derniers chèques (en blanc) à la victime. La présidente lit un extrait du rapport d’expertise psy décrivant Fabrice comme « en état de faiblesse psychoaffective », diagnostiquant une « déficience intellectuelle congénitale légère ». Fabrice écoute, impassible, ce passage « un peu humiliant », selon l’expression de son avocate. C’est son père qui a découvert, en juillet dernier, l’état du compte bancaire, à découvert.
« Un monde de prédateurs »
L’ex-petite amie (salariée précaire) et la fausse banquière (sans emploi) ont été condamnées à des peines de prison avec sursis (16 et 8 mois). Fabrice devra être remboursé par son « ex », à hauteur des 32 289,63 euros siphonnés. Mais à quel rythme? « Lui n’ira peut-être jamais à Barcelone », a plaidé son avocate. Les seuls mots réconfortant à l’endroit de Fabrice seront venus du procureur. « Il a été victime de sa gentillesse dans un monde de prédateurs. » Le jeune Craurois a trouvé une vie normale au prix d’efforts immenses. Il travaille dans une structure qui accompagne des enfants autistes. « [Fabrice] est utile à la société. »