Var-Matin (Grand Toulon)

Meurtres de femmes : scènes de crime analogues

Sur des autopsies menées à six ans de distance, les médecins légistes ont trouvé, pour les deux victimes, des points communs sur les causes de la mort. Des femmes vivant seules à Marseille

- G. D.

Au deuxième jour du procès en appel d’Abdelkader Amrani, pour les meurtres ou assassinat­s de deux femmes seules commis à Marseille en 2006 et 2012, la cour d’assises du Var a entendu hier les experts en médecine légale. Les deux médecins légistes qui sont intervenus sur les scènes de crime, puis aux autopsies, étaient des praticiens rattachés à l’institut médico-légal de Marseille. À six ans d’intervalle, ils avaient établi des conclusion­s similaires pour les deux crimes.

Étranglée plus qu’asphyxiée

Le 29 juin 2012 à Marseille, les marins-pompiers, venus pour une ouverture de porte chez Marina Ciampi, 52 ans, avaient découvert son corps nu sur son lit vers 13 h 30. À 18 h 45, après les relevés d’indices et les prélèvemen­ts par les policiers, le Dr Blanc avait pu procéder à l’examen du corps. Il a décrit à la cour le sac plastique entourant la tête de la victime, avec le cou entouré par un câble électrique, « sur cinq tours fortement ser rés ». L’autopsie avait été pratiquée le lendemain à 9 heures. Dans ce laps de temps, vu la températur­e estivale, était apparue sur le ventre de la victime une première tâche de putréfacti­on, invisible la veille. Ce qui a conduit l’expert à dater la mort entre le 27 juin à 18 h 45 (soit 48 heures avant la levée de corps) et le 28 à 9 heures (soit 48 heures avant l’autopsie). Ces repères temporels sont importants pour la défense de l’accusé, qui estime que celui-ci n’aurait pas eu le temps matériel de commettre ce crime. Sur le cou de la victime, l’os hyoïde et le cartilage thyroïde étaient fracturés.« Ces lésions sont compatible­s avec une strangulat­ion par lien et un écrasement du cou pouvant être à l’origine du décès », a conclu l’expert.

Assurance-mort

Six ans auparavant, le Dr Perich, avait fait des observatio­ns similaires sur le corps d’Henriette Bernardi, 68 ans, retrouvée morte à son domicile marseillai­s le 23 avril 2006. Vu son état de momificati­on partielle, la date de la mort avait été estimée à deux mois, entre fin février et début mars. Là aussi, le cartilage thyroïde avait été fracturé avant la mort, et le décès était en lien avec une asphyxie. «Elle a eu le cou un peu serré avec les mains, a expliqué le légiste. Et pour s’assurer qu’elle était bien morte, on lui a enfoncé un collant dans la bouche, qu’on a maintenu avec une ceinture en tissu. Et on lui a mis une pince à linge sur le nez. »

Des crimes signés ?

Commentant les similitude­s entre les deux affaires, le Dr Perich a noté que les deux victimes avaient été privées d’air et avaient subi des pressions cervicales. « La pince à linge dans la première affaire, c’est un accessoire. Tout comme le sac plastique dans la seconde, parce que ce n’est pas ça qui a pu fracturer le cartilage thyroïde. » Une pince à linge avait aussi été trouvée près du corps de Marina Ciampi. «C’est une signature» , a demandé Me Michel Pezet ? « Ça peut en être une. C’est aussi un moyen de s’assurer que le travail est… bien fait. » Le procès reprendra lundi matin, avec les auditions d’autres experts, notamment en matière de génétique.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Me Patrice Reviron est très mobilisé dans la défense d’Abdelkader Amrani.

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