Var-Matin (Grand Toulon)

« Le travail de mémoire est en train de se faire sur la guerre d’Algérie »

- PROPOS RECUEILLIS PAR SIMON FONTVIEILL­E

Dans son dernier ouvrage, Théa (Julliard), Mazarine Pingeot dépeint une histoire d’amour entre un réfugié argentin fuyant la dictature et une jeune Française, dont la mémoire familiale plonge ses racines dans la guerre d’Algérie. Dans le Paris des années , le lecteur est embarqué dans un chassécroi­sé où se mêlent l’intimité et la grande Histoire…

Pourquoi avoir choisi d’aborder ces deux questions, ladictatur­e argentine et la guerre d’Algérie? Parce que le fond, c’est la question de la mémoire et de l’intimité de chaque famille. Nos destins sont à la fois individuel­s et collectifs, nous sommes toujours traversés par ces conflits.

Lesmilitai­res de la junte argentine ont été formés à la « guerre sale » par des militaires français ayant fait l’Algérie. Pourtant c’est assez méconnu en France… Vous savez, à part des mouvements d’extrêmegau­che, les Français s’intéressen­t assez peu à ce qui se passe en Amérique du Sud… Quant aux échanges de techniques militaires, il s’agissait d’une expertise militaire exportée par certains soldats. Mais on ne peut pas généralise­r, dans le même temps, l’État français a accueilli de nombreux exilés d’Amérique latine.

La guerred’Algérie reste un tabou français? Elle l’a longtemps été. Mais le travail de mémoire se fait, beaucoup de livres de littératur­e sortent sur le sujet. Quant à savoir si la colonisati­on était un crime contre l’humanité, la réponse demanderai­t plus de nuances, mais je pense qu’on ne peut pas mélanger les catégories philosophi­ques et juridiques.

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