Un message d’espoir pour la planètevenudes États-Unis
Kevin Drew, coordinateur du projet « Zéro déchet » de San Francisco, sera ce soir au Liberté pour expliquer comment sa ville a réussi atteindre 80 % d’ordures triées
ÀSan Francisco, les taux de recyclage sont impressionnants: autour de 80 %! Des chiffres qui ont fait de cette ville américaine de près de 900000 habitants un véritable modèle en terme de gestion des déchets. Coordinateur du programme « Zéro déchet » au département de l’environnement à la ville de San Francisco, Kevin Drew est au centrede cette politique quiapermis, depuis 2000, de réduire de moitié la quantité d’ordures enfouies dans les sols. Ce soir au théâtre Liberté, à l’invitation du Sittomat – le syndicat chargé de la gestiondes déchets (lires ci-dessous) –, de l’association Zero Waste France et du collectif Zérodéchet Toulon, il anime une conférence pourprésenter la démarche aux Toulonnais et leur montrer qu’elle est applicable ici aussi.
Vous serez à Toulon ce soir pour présenter un message d’espoir pour la planète. Lequel ? Je travaille depuis ans sur le climat et les déchets, deux sujets liés. Nous croyons que le système que nous avons construit à San Franciscopeut être une solution forte pour les questions de climat et que les villes – c’est là que nous devons rapidement faire des progrès – peuvent appliquer. L’idée principale étant de composter: les déchets organiques servent alors à amender les sols, qui deviennent plus robustes et en meilleure santé, sans utiliser de produits chimiques, pour produire des plantes qui ellesmêmes, par photosynthèse, transforment le carbone de l’atmosphère enoxygène. C’est notremessage d’espoir.
Finalement, c’est ce que nous apprenons à l’école… Oui. ÀBerkley, l’université où nous menons ces travaux, on en fait une science nouvelle. L’espoir, c’est que nous en apprenions assez pour laisser le cycle du carbone faire ce qu’il veut, c’est-àdire donner un bon sol et de la bonne nourriture. Ceci sans utiliser des méthodes d’incinération ou d’enfouissement qui ellesmêmes demandent beaucoup d’énergie. En réutilisant la matière qu’on a déjà ou en la recyclant, on fait de réelles économies de carbone.
Ici, à Toulon, % des déchets « courants » sont dits « valorisés », c’est-àdire incinérés pour produire de l’énergie, thermique ou électrique. Pour vous, ce n’est donc pas la bonne solution? À San Francisco, nous croyons en effet que ce n’est pas la bonne solution. Dans ces %, il peut y avoir beaucoup de choses, dont certaines ne brûlent pas bien. Du coup, la valorisation est pauvre, entre l’énergie qui est produite et celle requise par ces incinérations. En Californie, un état presque aussi grand que la France en terme de population ( la Californie compte en fait quelque millions d’habitants contre plus de en France, Ndlr), nous n’avons qu’un, peut- être deux, incinérateurs. La solution que nous prônons est la collecte des déchets par matière.
Vous avez donc un système de trois poubelles: une verte pour le verre et le plastique, une bleue pour les déchets organiques (pelures de légumes ou papier) et une noire pour ce qui reste. Comment avez-vous amené les gens à s’en servir? C’est différent dans chaque ville. San Francisco, en l’occurrence, est une ville ancienne où les immeubles n’ont pas tous les dispositifs modernes de collecte. Donc les gens doivent apporter euxmêmes les déchets. Nous faisons ainsi beaucoup de pédagogie: on l’explique aux adultes, on l’enseigne aux enfants. Et nous leur fournissons des outils: des seaux de cuisine ou des sacs à compost (faits de matières biodégradables !).
Combien de temps cela at-il pris? Ça prend encore du temps! Dans ces poubelles, on compte % des déchets, mais cela inclut les commerces et l’industrie. Si on ne regarde que les particuliers, on est probablement plus près de ou %. Nous avions un objectif de % en , mais on sait déjà qu’on n’y sera pas. Pourtant, on va continuer d’essayer et peut- être qu’on sera à %. Une chose est sûre: il faut qu’on se demande ce qu’on rate encore pour y parvenir. Or, aujourd’hui, on sait que % de ce qui va l’enfouissement est toujours de la nourriture.
Quel conseil ou suggestion, en matière de gestion des déchets, pouvez-vous donner aux Toulonnais et à ceux qui gèrent cette question? Il y a ans, je travaillais sur les canettes, les papiers, etc. Parce qu’on se concentrait alors sur ces produits: c’était tellement évident. Mais avec le temps, il m’est apparu de plus en plus clair que les matières organiques étaient bien plus importantes que les canettes et le papier car elles incluent une source d’énergie. Donc si j’ai quelque chose à suggérer à Toulon et à ses habitants, c’est de regarder les déchets qui sont traités par incinération et comment collecter ces déchets, qui sont parfois déjà rassemblés, dans les restaurants notamment. On peut les « valoriser » d’une façon qui serait plus efficiente que les dispositifs à haute température qu’il faut pour les brûler.
En Californie, que deux incinérateurs”