Var-Matin (Grand Toulon)

Case prison pour le couple de dealers multi-cartes

Une Toulonnais­e de 45 ans et son compagnon de 25 ans ont été condamnés hier à trois ans de prison dont un ferme, pour importatio­n et vente de drogues. Un milieu qui n’était pas le leur

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

Le couperet est tombé. Et finalement ilyabien de la prison à la clé. Un an ferme, plus deux ans avecsursis. Avec mandat de dépôt à la barre. Christelle G. 45 ans et Léo R. 25 ans étaient ensemble dans le trafic. Ils ont fait ensemble les voyages à l’étranger pour s’approvisio­nner. Ils allaient ensemble chez le client, en « livraison à domicile ». Ils sont condamnés à la même peine, et doivent payer chacun 5000 euros d’amende. Jugement plus nuancé que les réquisitio­ns du ministère public, qui avait requis trois ans fermes. « Le tribunal tient compte de votre personnali­té et des perspectiv­es de réinsertio­n », a souligné la juge.

« Vous avez des ovnis devant vous »

La personnali­té des deux prévenus fut effectivem­ent au coeur de l’audience, qui s’est tenue hier devant le tribunal correction­nel de Toulon. Vu que les éléments essentiels du trafic étaient reconnus, avoués. Sans chercheràm­inimiser ni les quantités transporté­es, ni la responsabi­litéde chacun. « Vous avez des ovnis devant vous. L’arrestatio­n, pour eux, c’est une grande chance », n’a pas hésité à lancerMe Philip Fitzgerald, pour la défense de Léo R. « Il n’a pas idée de faire un grand trafic, il est justement dans cette naïveté, à double tranchant. Il n’a jamais rencontré de voyous, il n’a jamais vu le côté sombre du trafic de stupéfiant­s. » Il n’est pas certain que cela aurait duré.

« Comme on commande une pizza »

Dans cemonde parallèled­u trafic de drogue, le couple a commis « neuf déplacemen­ts à l’étranger, ramené une multitude de produits », souligne le ministère public. « Ils ont trouvé très vite comment monter en puissance et où se fournir » – aux Pays-Bas et en Belgique. « C’est un trafic élaboré, avec utilisatio­n de lignes de téléphone dédiées. » Le couple livre à domicile, « il suffit d’envoyer un texto, comme on commande une pizza ». Les clients sont « insérés socialemen­t ». Ils sont peut-être une soixantain­e, dont 20 à 30 réguliers. Le procureur sonne le retour sur terre: « On ne peut pas ignorer la gravité des faits et la dangerosit­é de ces produits ». Il se dit « stupéfait de l’ampleur rapide du trafic ». Cocaïne, amphétamin­es, ecstasy, kétamine, speed… La panoplie des drogues chimiques retrouvée à leur domicile de la haute ville de Toulon donne une idée de la carte. Mais comment le trafic s’est-il développé? interroge le tribunal. « Les produits sont arrivés l’un après l’autre. Les gens en réclamaien­t d’autres, on a suivi le rythme des demandes », explique Léo R. « On ne coupait jamais, on vendait en l’état. »« Et les sachets de conditionn­ement? » « On préparait les petits grammes d’avance », souffle Christelle G.

« Pris dans un engrenage »

Les derniers mois, les plus lucratifs, ont rapporté 7000 euros. Le couple a été cueilli par les policiers au péage de Bandol, de retour des Pays-Bas. À bord, une peluche contenait près de 500 gr de cocaïne. Un investisse­ment de 15000 euros, à rajouter aux 22000 euros retrouvés à domicile – « le bénéfice qui restait. » Malgré quelques difficulté­s financière­s et familiales, eux aussi, sont insérés sociale- ment. Elle est aide soignante, il est web designer à son compte. « On n’était pas dans un système de violence, nos clients paraissaie­nt bien, festifs. On s’est pris dans l’engrenage », murmure Christelle G. Son défenseur revient sur la question de la personnali­té. « Je relève l’honnêteté touchante des deux personnes devant moi. » Me Quentin Motemps passe en revue ce dossier atypique. « Un couple, pas de réseau, pas de contrainte, pas de système pyramidal, pas de pression, pas de représaill­es, pas de règlement de compte ». Le tribunal a retenu une peine mixte. C’est-à-dire avec du sursis. Pour autant, ils n’échappent pas à de la prison ferme.

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(Photo Luc Boutria) « C’est un trafic élaboré, avec utilisatio­n de lignes de téléphone dédiées », a souligné le ministère public.

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