Apologie de terrorisme aux urgences à Sainte-Musse
Il arrive à la barre tel qu’en lui même. La tête tournée vers le sol, le visage totalement fermé. Le regard absent. Achraf L. a 20 ans. Aucun casier judiciaire. Mais un comportement qui inquiète. Il comparaissait hier pour des propos tenus à l’hôpital public SainteMusse de Toulon. Des propos qualifiés par la justice d’apologie publique d’un acte de terrorisme.
Monologue inquiétant
Ce 17 novembre, alors qu’il arrive aux urgences, il se montre « très agressif ». Vu par une infirmière, il aurait tenu des propos injurieux, avant de se lancer dans un monologue inquiétant. Faisant allusion à une alerte à la bombe à Paris au même moment, il déclare : « Ils sont en train de la désarmorcer, j’espère qu’elle sautera quand même. » Il continue en souhaitant des morts, en grand nombre, en particulier des enfants. « C’est que ça, qui vous touche. » Le prévenu interrompt la lecture de la procédure : « Je souhaite pas m’expliquer, je nie des faits. » Cela ne l’empêche pas de couper la parole à plusieurs reprises. Il conteste avoir quitté son domicile : « Je n’ai pas quitté le domicile. Ma mère m’a mis dehors, je suis à la rue ». Et surtout, il nie avoir souhaité la mort d’enfants. L’expertise psychologique le décrit comme « fermé, obtus, d’une agressivité latente, qui verbalise peu» .
Propos traumatisants
« Ces propos sont particulièrement traumatisants pour ceux qui les reçoivent, et ils ont été tenus en public », tance le ministère public, pour qui « il n’y a pas de doute sur la connotation d’apologie du terrorisme. » Ce que le procureur retient des expertises est « la conclusion qu’il est dangereux ». Réquisitions : six mois avec incarcération. En défense, Me Violaine Petro reconnaît le manque d’explications sur les propos, mais fait valoir les difficultés familiales et psychologiques, « même s’il n’aime pas en parler ». L’avocate souligne que «la prison ne permettra pas qu’il sorte en mieux, il y a trop de monde pour un suivi suffisant ». Elle demande une obligation de soins, qui ne sera pas suivie. Les six mois fermes sont prononcés. « Et si je ne suis pas d’accord?» , dit-il en rompant une dernière fois son silence. «Vous pouvez faire appel. »