« Les enjeux pour notre territoire sont importants »
Conseiller départemental, maire de Callian et vice-président de la communauté de communes du Pays de Fayence, François Cavallier préside le syndicat intercommunal et interdépartemental de la Haute-Siagne. Il est donc particulièrement sensible aux questions touchant l’eau.
Les difficultés financières à venir pour l’Agence de l’eau ont été peu médiatisées. Pourquoi cela vous préoccupe-t-il? C’est d’un oeil distrait que beaucoup regardent les difficultés que rencontre l’Agence de l’eau en effet. Cette instance, qui prélève des redevances sur nos factures d’eau et d’assainissement, est dotée d’un budget considérable. Cela n’a pas échappé à nos gouvernants, qui ont entrepris, en ces temps de disette, d’en organiser le siphonnage.
Quels sont les enjeux pour le territoire du Pays de Fayence? Le risque est que la communauté de communes du Pays de Fayence ne soit pas aussi aidée par l’Agence à assumer son diagnostic préalable à la transmission des compétences eau et assainissement (, M€ de dépenses). S’agissant du SIIVU, l’Agence de l’eau apporte un suivi technique à l’élaboration du schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) de la Siagne et financier en subventionnant les études et le poste de chargée de mission depuis , à hauteur de € en cumulé depuis cette date. Par ailleurs, de à , l’Agence a subventionné deux postes du SIIVU (un technicien de rivière et un administratif chargé de mission eau) à hauteur de % lors des travaux de mise en place de la directive européenne cadre sur l’eau sur le territoire du bassin-versant de la Siagne et pour des missions de communication et sensibilisation, pour un montant total de €. C’est dire les enjeux!
Quelle est votre position? Sur le principe, il ne s’agit pas de râler pour refuser l’effort de rigueur, mais de prévenir une déviance particulière. L’Agence de l’eau est alimentée par des redevances perçues sur les factures d’eau et d’assainissement. Ces ressources sont censées être affectées, c’est- à- dire n’être perçues que pour des dépenses concernant l’eau et l’assainissement. Siphonnées par l’État, et reversées à son budget général, ces redevances perdent leur affectation et sont transformées en impôts d’un trait de plume.
Quel problème cela pose-t-il? Cela me semble poser deux séries de problèmes. L’un, de principe: il est notamment question de faire financer ainsi le budget de l’Agence française de biodiversité, noble et nécessaire institution dont je suis néanmoins bien placé pour connaître l’idéologie outrancière, tirant la question de la gestion des eaux dans un sens hostile à l’activité humaine. Et surtout, l’autre, de fonctionnement: lorsqu’il s’agit d’envisager d’appliquer la loi NOTRe qui prévoit pour la transmission à la communauté de la gestion de l’eau et de l’assainissement, les esprits les plus évolués, ceux-làmêmes qui jugent mes réserves avec sévérité, présentent cette mutualisation comme un bienfait qui serait d’avance évident et incontestable, notamment en termes d’efficacité économique.
Que redoutez-vous? Une grande régie communautaire unitaire, la vision abstraite est tentante. Dans la pratique, la seule étude pour la mise à niveaudes réseaux a été chiffrée à , million d’euros, excusez du peu! Lorsque l’on s’en émeut, il nous est répondu que la plus grande part sera assumée par l’Agence de l’eau, mais on se demande bien comment au vu du tournant qui vient d’être pris. Et quand bien même, c’est là un montant si considérable que l’on voit bien que la première conséquence pour l’usager sera inévitablement une augmentation du prix de l’eau, d’où mes réserves persistantes.