Meurtres de femmes à Marseille : les experts à la barre
Le profil génétique de l’accusé a été retrouvé sur les deux victimes, à six ans d’intervalle, par lapolice scientifique. Abdelkader Amrani a fourni ses explications à la cour qui le juge en appel
Aucune enquête criminellenepeut plus désormais se passer des expertises en matière d’empreinte génétique et de téléphoniemobile. Dans les deux meurtres de femmes seules, commis à Marseille en 2006 et 2012, ce sont des éléments importants de l’accusation contreAbdelkader Amrani. Parmi d’autres, ils ont emporté la conviction des jurés de la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, qui l’ont condamné en décembre 2016 au maximum de la peine: trente ans de réclusion. Depuis jeudi dernier, ces mêmes éléments, que l’accusé conteste, sont de nouveau soumis en appel aux jurés varois à Draguignan.
L’ADN de l’accusé sur les deux victimes
Quand le corps d’Henriette Bernardi, 68 ans, avait été retrouvé en partie momifié dans son appartement du 14e arrondissement en avril 2006, un ADN masculin avait pu être isolé sous ses ongles. Il est apparu six ans plus tardque cette empreinte génétique était celle d’Abdelkader Amrani, comme l’a confirmé hier l’un des experts du laboratoire de police scientifique de Marseille. Vu les progrès réalisés au cours de ces six années, la possibilité qu’il s’agisse de l’empreinte d’un autre était très faible. De l’ordre d’une chance sur l’équivalent de la population d’un million de planètes Terre. L’accusé était alors agent du recensement pour la ville de Marseille. Il avait procédé seul à la collecte des renseignements dans l’immeuble de la victime, qui d’ordinaire n’ouvrait pas sa porte. Abdelkader Amrani a répété hier qu’il avait été victime d’une agression pendant ce recensement, et que des personnes de l’immeuble l’avaient soigné, « peut-être par cette dame » . Sur question de la défense, l’expert a convenu qu’on ne pouvait exclure le dépôt d’ADN sur les ongles de la victime à la faveur de soins.
Le dernier appel
En 2012, dans l’affaire du meurtre de Marina Ciampi, 52 ans, dans son appartement du 13e arrondissement, l’ADN de l’accusé se trouvait également sous les ongles de la victime. Mais aussi sur sa culotte, sur le drap de son lit et sur la robinetteriede la salle de bain. Selon Abdelkader Amrani, son empreinte génétique avait pu être déposée deux à cinq jours avant le crime, au cours d’une visite qu’il avait rendue à la victime, et lors de laquelle ils avaient eu un contact intime. Le dernier signe de vie donné par Marina Ciampi remontait au 27 juin 2012 à 18h41. Il consistait en un message envoyé sur son portable au téléphone portable utilisé par l’accusé. Le contenu de ce message est inconnu, l’appareil de la victime ayant disparu. Mais l’expert informatique a retrouvé la trace de l’appel. À la réception, le portable de l’accusé avait activé une cellule proche du domicile de Marina Ciampi. Ensuite, tous les appels reçus par la victime avaient été redirigés vers sa messagerie. Son corps avait été retrouvé sur son lit le 29 juin 2012 en fin de matinée. Selon le médecin légiste, elle était morte asphyxiée entre le 27 juin à 18h45 et le 28 à 9 heures.