Var-Matin (Grand Toulon)

Droits des enfants: les raisons d’agir en urgence

Jacques Toubon, Défenseur des droits rendait hier son rapport sur les droits des enfants. S’il note des progrès, trop d’inquiétude­s demeurent face aux situations alarmantes qui persistent sur le territoire

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Enfants vivant dans des bidonville­s, mineurs étrangers isolés... Le rapport annuel sur les droits des enfants que présentaie­nt hier Jacques Toubon et Geneviève Avenard, respective­ment Défenseur des droits et des enfants souligne les situations « alarmantes » de certains enfants vulnérable­s en France, qui appellent selon lui « des réactions urgentes» des pouvoirs publics. Depuis les recommanda­tions faites en février 2016 par un comité de l’ONU, qui avait épinglé la France sur plusieurs sujets, «certains progrès » ont été faits, estiment les auteurs à l’occasion de la Journée internatio­nale des droits de l’enfant. Mais ils s’inquiètent notamment des récentes annonces du gouverneme­nt sur la prise en charge des mineurs non accompagné­s (MNA), ces jeunes migrants arrivant sans famille en France, qui ne sont selon eux « pas conformes »aux recommanda­tions du comité des droits de l’enfant de l’ONU. En effet, le gouverneme­nt a récemment annoncé sa volonté de confier à l’État l’accueil d’urgence et l’évaluation de l’âge de ces jeunes « jusqu’à ce que leur minorité soit confirmée ».Ce« transfert de compétence­s » fait craindre au Défenseur des droits que s’installe « un dispositif dérogatoir­e au droit commun, qui tendrait à considérer ces jeunes d’abord comme des étrangers, avant d’être des enfants à protéger ».

Châtiments corporels toujours pas illégaux

Jacques Toubon et son adjointe se préoccupen­t également de la situation d’enfants vivant dans des bidonville­s, notamment des roms, dont les familles font fréquemmen­t l’objet de procédures d’expulsion, «le plus souvent pas accompagné­es de solutions de relogement ».« Pour les enfants, les conséquenc­es sont particuliè­rement graves », avec des risques de déscolaris­ation, et de rupture dans l’accès à la santé. Il déplore par ailleurs que l’interdicti­on des châtiments corporels «dans tous les contextes, y compris dans la famille », recommandé­e par l’ONU, n’ait toujours pas été mise en oeuvre. Une dispositio­n excluant tout recours par les parents aux violences corporelle­s avait été inscrite dans la loi Égalité et citoyennet­é, mais elle a été censurée par le Conseil constituti­onnel pour des raisons de forme. Le Défenseur des droits recommande par ailleurs à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, d’assurer «la prise en charge intégrale» des soins complément­aires dont ont besoin des enfants handicapés, y compris lorsqu’ils sont effectués en dehors de leurs services ou structures d’accueil.

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(Photo DR) Le recours aux violences corporelle­s devait être interdit, mais la loi a été censurée pour raison de forme.

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