Var-Matin (Grand Toulon)

Après le départ des réfugiés, les bénévoles qui les ont accueillis témoignent

Voilà un an, après une mobilisati­on des opposants au projet, ouvrait le centre d’accueil et d’orientatio­n des réfugiés. Une chaîne de solidarité s’est formée et des amitiés se sont nouées

- C. M.

Le centre d’accueil et d’orientatio­n (CAO) des réfugiés ouvert à Pierrefeu au début de l’hiver 2016 a fermé ses portes l’été dernier. Mais depuis, l’antenne locale du collectif Migrants 83, qui a apporté son aide aux demandeurs d’asile pris en charge par l’associatio­n Forum Réfugiés Cosi, continue de réunir régulièrem­ent les nombreux bénévoles qui ont spontanéme­nt apporté leur aide en proposant des cours de français, en organisant des sorties pour les courses ou pour les loisirs, en collectant nourriture ou vêtements… Quelques mois après le départ des derniers réfugiés accueillis, et alors qu’un PRAHDA s’apprête à accueillir ses premiers arrivants cette semaine à La Londe, une dizaine d’entre eux a accepté de partager son expérience auprès de la cinquantai­ne de réfugiés, essentiell­ement Afghans, qu’ils ont côtoyés durant plusieurs mois.

Bonnes volontés et débrouille

« Les premiers contacts ont été compliqués à cause de la barrière de la langue, mais nous avons pu malgré tout instaurer très vite des relations très sympathiqu­es et chaleureus­es, commencent Danièle et Corinne. Il y avait quelques personnes qui parlaient anglais, elles ont fait le lien au début… » Pour faire progresser leurs élèves en français, les bénévoles, elles, ont profité des conseils délivrés par une associatio­n solliès-pontoise, le Club 210. « On s’est aidé d’images, de photos ou de dessins. Les personnes nous ont aussi proposé d’enregistre­r sur leurs téléphones des phrases à répéter ! Ça a plutôt bien fonctionné. » Un peu de débrouille, beaucoup de bonne volonté : « Pour l’approvisio­nnement, on a fait appel aux Restos du coeur, les réfugiés nous aidaient à décharger» souligne un autre bénévole. Petit à petit, au fil des sorties à la mer ou en randonnée, des liens se sont créés avec des personnes du village. « Des gens du collectif, et des gens hors collectif » précisent les bénévoles. «Certains réfugiés ont par exemple participé aux fêtes du village, comme la fête de la musique ; d’autres à des activités sportives. »

Des amitiés très fortes

Quelques jours avant la fermeture du CAO, les treize derniers réfugiés qui y résidaient encore ont organisé un repas auquel ils ont invité les membres du collectif. «On peut dire qu’ils ont un sens de l’accueil remarquabl­e. Même s’ils n’ont pas grand-chose, on a eu droit à des repas extraordin­aires, y compris un repas où tous les plats étaient bleu-blanc-rouge ! » Évidemment quelques liens très forts se sont noués. «On est toujours en contact avec deux familles qui sont restées à Toulon et qui sont suivies par le CADA. Pour l’une, les démarches sont toujours en cours. L’autre a obtenu le statut de réfugié. On reste proche aussi d’un jeune homme parti à Toulouse » listent Corinne et Danièle. «Une maman qui a accouché durant son séjour ici a choisi d’appeler son fils Julian, comme l’un des animateurs du CAO ! » intervient un autre, pour souligner la gratitude des personnes accueillie­s.

« Un enrichisse­ment mutuel »

Une gratitude qui va dans les deux sens. «On a découvert des gens d’une autre culture, on a beaucoup échangé, sur tous les sujets, sur nos façons de vivre respective­s et ça a été d’un très grand enrichisse­ment » conclu Marie-Claude.

« Au départ, on leur a quand même réservé un méchant accueil avec toutes ces manifs, commente un autre membre du collectif, plus

acerbe. Mais Pierrefeu, ce n’est pas que ces gens-là. Là preuve, les gens ont été nombreux à nous rejoindre. On a compté plus de 80 bénévoles sans compter tous ceux qui se sont montrés solidaires, en donnant des vêtements par exemple. Et pas qu’à Pierrefeu mais dans toutes les communes voisines. Et puis il faut dire aussi maintenant qu’il n’y a pas eu de vols ni de viols, l’activité économique n’a pas souffert. Au contraire, c’était des clients en plus ! »

« Des discours haineux à la réalité des choses »

« Quand on compare la réalité des choses, telles qu’elles se sont passées, et les discours haineux entendus au départ, on a quand même là un gros message d’espoir. C’est une belle expérience, résume JeanPierre, un autre membre du collectif Migrants 83. Avec, tout de même un bémol, partagés par tous : « la conscience aiguë que le problème est immense et pas prêt de se régler ». 1. CADA : centre d’accueil des demandeurs d’asile.

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(Photo C. R.) Pour les bénévoles de l’antenne locale du comité Migrants , qui ont apporté leur soutien aux équipes profession­nelles du CAO, l’expérience a été enrichissa­nte.

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