Des trafiquants de cigarettes au port de Marseille alimentaient le marché noir jusqu’à Toulon
Des peines allant jusqu’à trois ans de prison dont deux ferme ont été prononcées hier contre quatorze membres d’un réseau de contrebande de cigarettes, organisé sur le port de Marseille. Le parquet avait requis jusqu’à quatre ans de prison, devant le tribunal correctionnel de Marseille. Au cours du trafic, entre 2015 et novembre 2016, au moins 68 400 cartouches de cigarettes détaxées, destinées aux boutiques duty-free des navires d’Algérie ferries, avaient alimenté les marchés noirs de la région, selon les douanes.
Des sacs-poubelle jetés sur les quais
C’est une perquisition à bord du ferry algérien Tariq, le 17 novembre 2016, qui avait mis fin au trafic. Près 1 300 cartouches de cigarettes détaxées avaient été découvertes dans les faux plafonds du navire. Lors de l’escale à Marseille des trois ferries algériens, des sacspoubelle contenant chacun 25 cartouches étaient régulièrement jetés dans la nuit sur les quais, puis récupérés par des hommes ayant escaladé les grilles du port. Les ballots étaient ensuite récupérés par des véhicules garés à l’extérieur qui assuraient plusieurs rotations par nuit, avant d’être acheminés dans des appartements situés dans les quartiers de l’arrière-port.
« Un réseau très structuré»
Hier, le procureur Julien Dutel a évoqué « un réseau très structuré et hiérarchisé qui se (livrait) à une division du travail et non pas, comme les prévenus voudraient le laisser entendre, une juxtaposition “d’auto-entrepreneurs” qui auraient mutualisé leurs moyens. » Les soirs de « débarquement », un membre du réseau avait également pour tâche de surveiller les locaux des douanes afin de vérifier si des véhicules étaient ou non en patrouille, a révélé l’enquête. Les peines les plus lourdes, trois ans de prison dont deux ferme, a été prononcées contre Mostefa Benmimoun, 49 ans, déjà condamné pour contrebande, et présenté par l’accusation comme « la figure centrale du trafic » et Kamel Belkadi, « son second omniprésent ». Deux ans d’emprisonnement ont été infligés au « boutiquier » qualifié de « clé d’entrée de la contrebande » et jusqu’à un an de prison à un agent de sécurité et un garçon d’office chargés d’assurer « le débarquement nocturne discret des ballots ».
Un préjudice estimé à euros
Trois clients grossistes alimentant les points de vente sauvages de Marseille et Toulon ont écopé de prison avec sursis. L’entreprise nationale de transport maritime de voyageurs avait licencié les trois marins et avait suspendu durant huit mois toute vente de cigarettes détaxées à bord. La compagnie, qui avait évalué son préjudice à 250 000 euros, a été déboutée de sa demande de constitution de partie civile. Le cigarettier Philip Morris a été reconnu partie civile mais débouté de ses demandes d’indemnisation. Plusieurs millions d’euros d’amendes douanières ont également été prononcées.