Var-Matin (Grand Toulon)

Égalité des sexes : la grande cause de Macron

Création d’un «délit d’outrage sexiste» ou traque contre ceux qui pratiquent l’excision : E. Macron a annoncé hier ses mesures en faveur de l’égalité entre les sexes, «grande cause du quinquenna­t »

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C’est notre société tout entière qui est malade du sexisme. » Voilà les mots d’Emmanuel Macron, bien décidé à se saisir de la problémati­que. Devant 200 personnes – responsabl­es d’associatio­ns, d’institutio­ns, de mouvements politiques, personnali­tés, dont l’humoriste Florence Foresti et l’auteure Leila Slimani – il a même décrété l’égalité entre les femmes et les hommes « grande cause du quinquenna­t ». Le président de la République s’exprimait hier à l’occasion de la Journée internatio­nale pour l’éliminatio­n de la violence à l’égard des femmes, et dans un contexte particulie­r. A la suite de l’affaire Weinstein, des centaines de milliers de victimes s’expriment, depuis plusieurs semaines, sur Internet. Une libération de la parole qui fait dire à Emmanuel Macron qu’il est pris d’un sentiment d’«horreur et de honte »entant« qu’homme et décideur public ». « La France ne doit plus être un de ces pays où les femmes ont peur », a-t-il ajouté, détaillant « trois priorités » pour les cinq prochaines années : l’éducation, l’accompagne­ment et le répressif. Les associatio­ns féministes ont salué « l’engagement du président » mais réclamé davantage de moyens. Pour elles, les 420 millions d’euros de budget interminis­tériel annoncés pour 2018 sont « insuffisan­ts ».

Éducation en faveur de l’égalité

Un« module d’enseigneme­nt », consacré à la lutte contre le sexisme et le harcèlemen­t sera créé « dans toutes les écoles ».

Les profession­nels de la petite enfance seront formés pour lutter contre les représenta­tions sexistes dès le plus jeune âge.

Dès 2018, un grand plan de formation initiale et continue sera déployé dans le secteur public, avec une attention particuliè­re portée sur la formation des cadres.

Accompagne­ment des victimes

Des unités spécialisé­es dans la prise en charge globale psychotrau­matique des femmes victimes de violences seront créées dès 2018 dans les centres hospitalie­rs. Dix d’entre elles sont déjà prévues dans les «mois qui viennent »en France métropolit­aine «à titre pilote ».

Les soins psychotrau­matiques liées aux violences subies par les femmes «pourront être pris en charge par la sécurité sociale ».

La préservati­on des preuves dans les unités médico-judiciaire des hôpitaux sera rendue possible, même si la personne ne souhaite pas déposer plainte.

Une cellule d’écoute dans les administra­tions pour le personnel victime de violence ou de harcèlemen­t sera mise en place.

Emmanuel Macron a promis pour les femmes françaises qui subissent l’excision « de traquer partout ceux pratiquent cette barbarie ». Il a appelé aussi à porter « une attention toute particuliè­re pour les femmes migrantes qui fuient leur pays car elles cherchent aussi à fuir l’excision pour elles-mêmes et leurs petites filles ».

Renforceme­nt de l’arsenal répressif

Emmanuel Macron plaide, « par conviction intime », pour fixer l’âge du consenteme­nt minimum à un acte sexuel, inexistant en France à l’heure actuelle, à 15 ans. Il serait ainsi aligné sur celui de la majorité sexuelle « par souci de cohérence et de protection des mineurs ».

Est programmé l’allongemen­t du délai de prescripti­on des crimes sexuels sur les mineurs, qui pourraient déposer plainte jusqu’à 30 ans après leur majorité contre 20 ans actuelleme­nt.

Le président annonce la création d’un délit d’outrage sexiste punissant le harcèlemen­t de rue, « verbalisab­le immédiatem­ent pour un montant dissuasif». Ce délit sera une des priorités de la future police de sécurité du quotidien.

Pour favoriser les plaintes, un signalemen­t en ligne sera créé dès le début de l’année pour les victimes de violence, harcèlemen­t ou discrimina­tion, qui pourront de chez elles parler en direct avec des policiers ou gendarmes formés, 24h sur 24, 7 jours sur 7.

Il sera possible de porter plainte dans les lieux de prise en charge, y compris les hôpitaux.

Le harcèlemen­t au travail sera désormais une priorité de l’inspection du travail.

Les pouvoirs du CSA seront étendus aux contenus numériques comme les jeux vidéos ou sur internet pour lutter contre la pornograph­ie accessible aux enfants.

Des« modificati­ons législativ­es » sont attendues dès 2018 pour « poursuivre ceux qui agissent sur internet pour harceler » au côté d’une applicatio­n numérique pour les victimes.

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(Crédit_photo) Le président Macron a fait respecter une minute de silence en hommage aux  femmes tuées l’an passé par leur partenaire ou ex-partenaire.

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