Var-Matin (Grand Toulon)

«Je ressentais surtout de l’excitation!»

Jean Vauriot, 84 ans, ancien employé à la Caisse d’Épargne, 9 ans lors du sabordage.

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« Je vivais avec mes parents, mon frère et mes grands-parents paternels, au pied de la Tour carrée, dans le Mourillon. On dormait, quand on a entendu des explosions ! On est tous allé à la fenêtre, mais on ne savait pas ce qu’il se passait, on n’avait pas de vue sur le plan d’eau. Mais je me souviens de lumières vertes, je pensais que c’était des balles traçantes… Il devait être un peu plus de  heures. Le lendemain, vers  heures, on est parti avec mon frère et mon père du côté de la rue de l’Artillerie, un peu avant l’actuelle église Don Bosco. On avait une vue sur toute la rade, c’est à ce moment que j’ai vu les bateaux, qui brûlaient ! Je me souviens de L’Algérie et de La Marseillai­se, deux croiseurs. Plus loin, des contre-torpilleur­s étaient sur le flanc. De loin, on apercevait aussi le navire de ligne le Strasbourg, tout droit. Lui ne brûlait pas… Après cet épisode, je suis resté tout seul. Ce que j’éprouvais à ce moment, c’était surtout de la curiosité et de l’excitation. Je suis descendu dans la rue Eugène-Pelletier pour aller sur le boulevard Bazeilles. Il y avait plein de personnes attroupées. J’ai alors vu passer des voitures militaires allemandes remplies. Je crois que c’étaient des SS… Le lendemain, je me suis retrouvé sur le boulevard de Strasbourg, à la hauteur du collège Peiresc. Des marins allemands y défilaient, mais les gens étaient un peu goguenards devant eux. Ils étaient venus prendre possession de la flotte, mais bon, vu qu’il n’y avait plus rien, ils sont vite repartis ! Un peu plus tard, les Italiens ont réquisitio­nné les écoles pour mettre leurs mulets. Avec mes copains, on avait dit “Super, plus d’école !” C’est le petit côté réaliste pendant la guerre… »

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