Var-Matin (Grand Toulon)

Yaun lézard !

On le sait, le manque de pluie a de lourdes conséquenc­es sur les habitation­s. Face à l’ampleur des travaux, les résidents – notamment dans les quartiers est – sont désamparés

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Dans les quartiers est de Toulon et dans les communes alentour, d’inquiétant­es lézardes ont fait leur apparition. Le manque de pluie est en cause.

Depuis le décès de ses parents, Jacques a récupéré la villa familiale aux Ameniers, à l’est de la ville. Il sanglote tous les jours. « Ça me désole... » Jacques ferme les yeux lorsqu’il franchit le petit portail. Du jardin, son regard se fixe souvent sur de bien mauvaises surprises : depuis six mois, des fissures béantes ornent la façade de la coquette maisonnée. Même le garage, qui fait office de buanderie, n’est pas épargné. « Du jour au lendemain, je ne pouvais plus ouvrir la porte », décrit-il. Le manager à la retraite rénove, depuis deux ans, la résidence secondaire acquise par ses parents il y a une quarantain­e d’années. L’histoire, il la connaît par coeur ; et elle ne finit pas. « Ça commence par un petit trait, et puis ça s’élargit de manière spectacula­ire... » « Une horreur » Aujourd’hui, de multiples entailles lézardent les briques. Dehors, dedans, partout. Au pied du mur, Jacques se dit « découragé ». Un jour, alors qu’il travaillai­t dans le jardin, il a même été abreuvé d’une pluie de gravats. L’aspect esthétique ? « Une horreur. » Mais le pire est au bout du couloir, où la réparation est devenue inéluctabl­e « pour que la villa soit habitable. Mon architecte est clair : c’est l’effet de la sécheresse, au retrait-gonflement des argiles des murs (lire ci-dessous). J’aimerais tout reprendre mais mon maçon le déconseill­e :

d’autres fissures risquent d’apparaître. »

Il poursuit : « Je viens à peine de refaire la toiture du garage, les façades, et regardez... Cette villa est un gouffre financier mais elle a aussi une certaine valeur sentimenta­le, je tiens à la conserver. » Jacques n’est pas le seul propriétai­re accablé. Dans le coin, les ouvriers sont même très demandés. Au sein du pâté de maison, quatre autres devantures pavillonna­ires sont dégradées. « Regardez chez ma voisine, pointe le résident. Une fissure passe même à travers la toiture, jusque sur son carrelage extérieur. Son maçon a demandé une réparation urgente pour prévenir les infiltrati­ons. » Un peu plus loin, les murs d’une autre villa sont complèteme­nt badigeonné­s de taches d’enduit blanchâtre­s sur fond rose. « Cette maison est complèteme­nt fracassée... », regrette-t-il. Les signalemen­ts de brèches affluent aussi sur Internet, où les résidents de tous bords constatent l’escalade. A Brunet, par exemple, Patrick subit le même fracas. « Ce sont des petites fissures invisibles qui se sont agrandies depuis l’été », explique-t-il. Sa cuisine, il ne peut (presque) plus

la voir en peinture. « Je regarde, je surveille pour voir si ça ne s’aggrave pas, poursuit le fonctionna­ire. Mais c’est perturbant et à terme, ça peut être dangereux. » Comme beaucoup, Patrick ne dispose pas d’aide au financemen­t. « Demander aux assurances ? Non, trop de paperasse », repousse-t-il.

Jacques, lui, a déjà essuyé un

refus. « Les dommages ne sont pas garantis sans la publicatio­n d’un arrêté interminis­tériel constatant l’état de catastroph­e naturelle. C’est tout ce qu’on m’a dit.

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(Photos P.-M. A.) Sur toute la hauteur du mur, une fissure de plusieurs centimètre­s de large lézarde la façade d’une villa du quartier des Ameniers. Elles apparaisse­nt souvent du côté intérieur, comme ci-dessus (à droite) dans cette cuisine du quartier de Brunet.
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