Var-Matin (Grand Toulon)

Le troupeau de la bergère Cécile Solinas en danger Bormes-les-Mimosas

En raison de la sécheresse qui perdure, la dernière bergère du village n’arrive plus à trouver de terrains en friches où faire pâturer ses bêtes. Elle lance un appel

- PROPOS RECUEILLIS PAR B.K.

Quelle est la situation de votre troupeau ? C’est très compliqué. Je n’ai jamais vu une telle sécheresse aussi longue dans le temps. Il n’a pratiqueme­nt pas plu depuis avril. Nous sommes en période d’agnelage (naissance des agneaux, Ndlr). C’est le moment où les brebis devraient le plus manger pour produire le maximum de lait. C’est très dur pour elles. Elles cherchent constammen­t. Elles se contentent de manger du sec. On leur donne beaucoup d’eau mais c’est très compliqué. Elles ne produisent pas assez de lait pour nourrir leurs petits. Plusieurs agneaux sont déjà morts parce qu’ils ne mangent pas assez. Ça commence à devenir dramatique. Comment les Borméens et les Varois peuvent-ils vous aider ? Je sais que sur Bormes, il y a plein de terrains privés qui ne sont pas nettoyés et qui pourraient permettre aux brebis de se nourrir. Actuelleme­nt, nous sommes sur un terrain au domaine de Brégançon. Après, je ne sais pas vraiment où je vais pouvoir porter mes bêtes pour qu’elles trouvent à manger. D’autres domaines nous ont accueillis : Ott, les Bormettes, Fouques à la Londe, le Domaine de la ferme à Hyères, les Cannes de Vandoren... Mais partout, c’est pareil, il n’y a pas d’herbe. Le troupeau est toujours dans des pâturages, des champs où les personnes me laissent passer. C’est un bon compromis, les bêtes entretienn­ent les terrains et moi ça me permet de les faire manger. Je cherche donc des propriétai­res dont les terrains sont à défricher.

Comment voyez l’avenir proche ? Je suis perplexe. Je n’envisage rien. Je fais au jour le jour. Je ne sais pas où je vais ni comment je vais faire. D’habitude, je fais du foin au mois de juin-juillet. Cette année, je n’ai pu produire qu’une coupe donc j’ai ramassé très peu de bottes. Et je n’ai pas les moyens d’acheter du foin. La volonté des politicien­s locaux de réimplante­r des espaces agricoles dans la forêt pour jouer le rôle de pare-feu, vous semble-telle positive? Bien sûr. Réimplante­r des parcelles d’herbe ou de trèfles, ce serait parfait. Si les sécheresse­s se répètent dans le futur, je ne pourrais plus passer dans les vignes car elles souffrent tellement que je ne peux pas faire manger les feuilles. Donc je dois me rabattre sur les collines pour faire manger les bêtes. Par contre, dans les projets de l’intercommu­nalité Méditerran­ée-Porte des Maures, il est question d’essayer de réimplante­r dans les domaines viticoles qui possèdent des parcelles aux abords de collines, des endroits de pâturage. Et dans les collines mêmes, de réimplante­r les animaux et de faire des semences pour que les bêtes puissent passer et nettoyer comme il faut.

Quels sont vos projets pour continuer à vivre de votre troupeau ? Je fais de la viande que je vends à des négociants ou à d’autres éleveurs pour de la reproducti­on de cheptel. Mais mon projet c’est de pouvoir faire de la vente directe du producteur au consommate­ur. Tant que la sécheresse perdure, je ne peux faire aucun projet.

Si vous souhaitez venir en aide à Cécile Solinas, la dernière bergère de Bormes, et son troupeau, vous pouvez la joindre au 06.70.88.51.62.

 ?? (Photos B. K.) ?? Cécile Solinas avec son neveu Bastien au milieu du troupeau, dans une parcelle du domaine de Brégançon où l’herbe est bien sèche.
(Photos B. K.) Cécile Solinas avec son neveu Bastien au milieu du troupeau, dans une parcelle du domaine de Brégançon où l’herbe est bien sèche.

Newspapers in French

Newspapers from France