Loup: les communes pastorales se rebiffent
Près de cent maires de la région ont pris un arrêté mettant à la charge de l’État les frais de capture du loup, espèce protégée dont les attaques menacent l’activité des éleveurs sur leur territoire
L’Association des communes pastorales de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (ACP Paca) a adopté une résolution invitant les maires des communes adhérentes de l’association, dont les éleveurs sont victimes d’attaques d’animaux errants, à prendre un arrêté original. « Il prévoit que tous les animaux errants sur le territoire de leur commune susceptibles de présenter un danger grave et immédiat pour les personnes ou les animaux domestiques, et en particulier les animaux d’élevage, devront être appréhendés et placés dans un lieu de dépôt adapté à leur garde pour faire l’objet d’un examen vétérinaire destiné à déterminer leur espèce d’appartenance », explique Denise Leiboff, maire de Lieuche (06) et présidente de l’association.
Le loup et l’État dans le collimateur
Quatre-vingt-douze villages et petites villes – la plupart membres de (1) l’ACP Paca – ont déjà pris l’arrêté, qui va plus loin à propos du loup. En effet, le texte précise que seront mis intégralement et directement à la charge de l’État les frais afférents aux opérations de capture, de garde et de transport d’animaux appartenant à l’espèce Canis lupus dans un site d’habitat naturel hors de la commune concernée. Cet acte de rébellion est totalement assumé : «Nous avons décidé de prendre ces arrêtés pour alerter l’État qui ne nous écoute pas, ni ne nous entend. Et nous voulons peser sur le plan loup 2018-2023, que l’État est en train de préparer », explique Denise Leiboff, présidente de l’ACP Paca dont les rangs ne cessent de grossir (2). « L’élevage pastoral fait partie de l’activité économique des vallées, il est aussi un des éléments de développement touristique, rappelle Denise Leiboff. Nous ne voulons pas d’élevage en batterie, ou alors qu’on nous le dise clairement et qu’on supprime le pastoralisme. » Pour sa contribution à la protection des paysages et au développement de la biodiversité, ce mode d’élevage est reconnu d’intérêt général par le Code rural. « Or, le loup a des impacts sur le dessin des territoires, ajoute-t-elle. Faute de troupeaux, ils sont embroussaillés, impénétrables, plus vulnérables aux incendies. Qui va payer le nettoyage des forêts et l’entretien des paysages?», interroge-t-elle. Sans compter les conséquences indirectes, sur le tourisme, autre source de revenus pour ces villages. D’où la décision de frapper l’État au porte-monnaie avec cet arrêté, « présenté au préfet du Var le 18 novembre lors de l’assemblée générale des maires ruraux du Var», précise Christian Louis, élu à Callian et vice-président de l’ACP Paca.