Var-Matin (Grand Toulon)

Johnny et la Côte: une histoire d’amour rock’n’roll

Il l’avouait lui-même : c’est près de la Méditerran­ée que Johnny a entonné ses premiers airs de rock’n’roll. Un décor tout à la démesure de celui qui aura marqué de sa voix toute une région

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D’où viens-tu Johnny?» L’éternelle question... Alors que débute hélas sa première tournée pour Les Filles du paradis (titre de 1977), il apparaît que le chanteur, « super-héros de la scène hexagonale », tirait fort certaineme­nt ses pouvoirs de la Côte d’Azur. Là, où de son propre aveu, il fut né au rock. « Avant Paris et le Golf Drouot, c’est au Palm Beach à Cannes que le patron m’a permis le premier de chanter du rock», confiait jadis Johnny, entre deux dates au Zénith-Oméga de Toulon et à La Palestre au Cannet.

Rêve d’une villa à Saint-Tropez

Le début d’une odyssée romantico-destroy sur fond de Méditerran­ée. Aubaine pour une presse people débridée plus intéressée par ses frasques que par ses phrases... « Moi aussi un jour j’aurai ma villa à Saint-Tropez!», promet-il lors d’une date varoise de sa première tournée d’été. Nous sommes au début des sixties. Après le squat chez les amis Eddie Barclay, Eddy Mitchell, les soirées à jouer chez BB, les noubas avec Carlos & co, le rêve sortira de terre en 1989 sous la forme d’une hacienda mexicaine : La Lorada. Dans la foulée, il ouvrira même une boutique Hallyday, Résidence du Port. Lassé, Johnny quittera pourtant son Graceland ramatuello­is fin 1996, optant pour les virées aquatiques sur yachts turbocompr­essés, tout spécialeme­nt en Corse. Réfugié à Los Angeles, le rocker avait fini par se ranger des voitures. Pas des Harley. Toujours son joujou préféré pour s’enfuir dans le désert. Entre potes. Éternel « bohémien du rock » – comme il se définissai­t luimême – Johnny a toujours eu la bougeotte. À commencer en roulotte.

Nice,  heures du mat’

Au temps de l’Opéra-plage à Nice, l’ado Jean-Philippe menait déjà la vie d’artiste accompagna­nt sur les routes sa cousine Desta et son oncle Lee qui avaient monté un numéro. « J’avais 12-13 ans. C’était le bon temps. Pas seulement celui du rock’n’roll ! L’été, il nous arrivait de passer un mois à Nice, un mois à Cannes, et un mois à Marseille. Je me souviens d’être arrivé à Nice à 5 heures du mat, avec les onze chevaux de Lee, avoir posé nos bagages à l’hôtel Mirador et foncer au casino municipal pour la répet’. J’apparaissa­is à la fin du spectacle, habillé en cowboy et je chantais L’abeille et le papillon d’Henri Salvador, Davy Crockett ou Le Petit Cheval Blanc de Brassens. Je finissais par Jeux interdits à la guitare. Sans être payé ! ».

Période sacrée excès/Harley

Jean-Philippe y gagnera toutefois à 14 ans son pseudo. « Lee avait mélangé le nom du médecin qui l’avait aidé à venir au monde, M. Halladay, et le mot vacances en anglais, Holidays. Mais le prénom Johnny, c’était mon choix ! », jurait-il. À Saint-Tropez, le tempéramen­t tout feu tout flamme de l’idole n’a pas fait fondre que l’asphalte écrabouill­é en Harley. On le dit alors brûlé par le feu des incertitud­es, flambeur consumé par ses amours dévorantes... Sylvie, Babeth, Nathalie Baye défileront... Adeline, épousée en 1990 à Ramatuelle, sera la dernière à faire partie intégrante du décor. C’est la période sacrée Lorada/U.S.A couplée aux excès Harley/Saint-Tropez. Elle débouchera sur le noir été 1992... Chanteur abandonné en rupture avec Adeline, Johnny finit la tête la première dans les eaux du vieux port tropézien. Il faudra Bercy, six semaines plus tard, pour que la tignasse blonde émerge de son tourbillon suicidaire.

Dans le même corps qu’Elvis

Sur la Côte, il restera « Johnny Dean ». Une Fureur de Vivre mieux qu’au cinéma puisqu’il ira jusqu’à séduire Natalie Wood, la partenaire de James Dean, un soir de mai 68 au Papagayo... « Il peut se vanter d’avoir servi dans le même corps qu’Elvis Presley, Frank Sinatra ou Steve Mc Queen ! », plaisantai­t à son sujet le Tropézien Yves Bigot, un proche, aujourd’hui à la tête de TV5 Monde. Qu’importe, le bolide Hallyday a brûlé les tapis rouges du 7e art comme les feux de la rampe des agoras XXL jusqu’au dernier moment. Égal à lui-même. À la fois fidèle en amitié et aussi versatile qu’une goutte de pluie sur un pare-brise de Ford Mustang bravant l’orage. Qu’il reste à jamais celui qu’il a été. Un rocker d’ici. Pas un totem.

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Entonner Que je t’aime a cappella pour les fans agglutinés au pied de son yacht l’été  sur les quais. C’était aussi cela Johnny à Saint-Tropez.

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