Var-Matin (Grand Toulon)

Alain pleure «toute sa jeunesse»

- P.-M. A.

« C’est un jour particulie­r, c’était notre monsieur à nous.» Accoudé au Comptoir toulonnais des peintures, sa boutique de la rue NotreDame, Alain Daillan a les yeux rougis. Cette nuit, le grand-père de 65 ans a pleuré la disparitio­n de son « grand frère », à chaudes larmes. À côté du tiroir-caisse pendille une photo en noir et blanc. «C’est moi là, avec Johnny, pointe-t-il. Je n’avais que 17 ans. Cette image a été prise en 1969, après un concert au stade Mayol. Il était parti avec un “panier à salade”, la voiture de police de l’époque, pour rejoindre sa Rolls Royce garée à l’extérieur de la ville. Je l’ai suivi, j’ai tapé à sa vitre et je lui ai dit: “Johnny une photo, s’il te plaît !” Et il était descendu, à ma grande stupéfacti­on… »

« Ça m’a scié »

Ce« très beau souvenir »de Johnny, le fan au coeur meurtri en a des centaines. Un message griffonné, un attroupeme­nt sur la Côte… Un trésor de famille est immortalis­é dans un album photo à spirales dorées. «J’ai vu plein de spectacles, à Paris, à Toulon, à Marseille, à Nice, poursuit-il. Mais les plus beaux que j’ai vus, c’était au Sporting Monte-Carlo, à Monaco, parce que la salle est très intime. On est ensemble, on vit côte à côte. C’est fabuleux. » Alain a été réveillé à 4 h 30, hier. C’est son fils, expatrié à Lyon, qui lui a appris la nouvelle au téléphone. « Ça m’a scié. Je m’y attendais, Je le

sentais depuis samedi, mais bon, c’est dur. C’est toute ma jeunesse. » Autrefois, l’adolescent propulsé, à 15 ans, apprenti dans le centre ancien ressemblai­t à «Jacques Dutronc », regardait Johnny à l’ORTF et accourrait au moindre concert. Même contre l’avis des médecins!

« Une fois, j’avais été hospitalis­é à Sainte-Musse en catastroph­e pour une grave hernie. J’ai signé la décharge pour sortir et assister à un concert de Johnny alors que deux jours avant, je pissais le sang… » Une insoucianc­e qu’il cultive au plus profond de lui, aujourd’hui, pour le deuil de son « héros ». « Mai follement, c’est la chanson que je préfère. Ça me rappelle ma vie, les sentiments qu’on a tous vécus. Et puis je me suis toujours senti proche de lui, par télépathie. Lui et moi sommes du même jour, du 19 juin, il faut le faire ! Il va beaucoup me manquer. »

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(Photo P.-M. A.) « À mon ami, Alain… » Sur un vieux carnet, Alain Daillan, commerçant au Comptoir toulonnais des peintures, conserve un mot griffonné par son idole.

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