Une troisième victoire peu convaincante
Au terme d’un match à rebondissements, les Toulonnais sont parvenus à arracher la victoire face à une formation anglaise difficile à manoeuvrer
Doucement les basses, pas de triomphalisme, même si l’essentiel a été assuré. Ce succès étriqué de Toulon sur Bath (24-20) est autant une satisfaction qu’un soulagement. Presque une délivrance au vu du scénario singulier offert. En effet, dans ce concert de largesses, les Rouge et Noir s’en sortent bien, même si cette victoire n’a rien d’illogique. « Il y a parfois des décisions aléatoires», reconnaissait, contrit, le manager toulonnais, faisant référence aux bévues de ses protégés. À commencer par Tuisova, très malheureux, hier. À partir d’une partition raturée, tout particulièrement en première période, les Varois, qui ont longtemps fait la course derrière, ont finalement réussi à se faire acclamer par leur vibrant public. Mais que ce concert fut laborieux à sonner juste. Etrillard et ses partenaires auraient aimé allumer le feu, mais ils ont été sanctionnés en mêlée à quatre reprises en première période. Et se sont, par la suite, emmêlé les instruments... forcément à vent. Tout était d’ailleurs mal parti pour des locaux qui jouaient contre le vent. Une initiale fausse note était enregistrée sur le premier essai anglais, entaché d’un en-avant. Tuisova «oubliait» de plaquer Joseph. En bon charpentier, repris par Ashton, le troisquarts aile transmettait à son arrière, le cher Watson, qui, entre les poteaux, corsait l’ardoise (0-10, 15e).
Noir c’est noir
Grâce à Nonu, bénéficiant, sur un temps fort toulonnais, d’une balle volleyée par Bastareaud, capitaine comme jamais, Toulon inscrivait son premier des trois essais du jour. Et revenait surtout dans la course, avant d’encaisser trois nouveaux points juste avant la pause (7-13). À la reprise, « Basta », aux percussions, sonnait les charges. « Tao » et Vermeulen faisaient office de grosses caisses. Et Mathewson, aux fourneaux derrière sa mêlée, profitait de l’absence pour 10 minutes de son homologue Cook pour cuisiner tout son monde et donner le plus petit des avantages aux siens (14-13, 51e). Ça n’allait pas durer longtemps, même si Trinh-Duc, pas toujours heureux au pied, tentait quelques échappées, comme Vermeulen, Radradra ou encore Isa. À l’heure de jeu, en ordre de bataille, le RCT tenait, croyait-on, cette rencontre disputée, malgré un Brew aux appuis déroutants. C’est à ce moment-là que Tuisova commettait un énorme couac. De façon désinvolte, le Fidjien jouait une touche d’une main, à cinq mètres de sa ligne. Surpris et lobé, Ashton dévissait complètement son coup de pied de dégagement qui, dans l’enbut, tombait dans les mains de Joseph. Celui-ci n’en espérait pas tant ni mieux (14-20, 61e). « Noir c’est noir », aurait chanté Johnny.
L’inspiration de Belleau, le sauveur
À cet instant, Toulon était dans le dur mais restait soudé. Les avants pilonnaient la ligne adverse sans parvenir à faire sauter le verrou. Mais Belleau, désormais à la baguette avec recul et lucidité, donnait, en même temps qu’un judicieux coup de pied à suivre parfaitement dosé, l’avantage aux siens (24-20, 77e). Le RCT tenait encore trois minutes, alors que Bath poussait sans jamais franchir. C’était gagné, mais que ce fut laborieux. Ce succès très rock and roll est-il annonciateur des trompettes de la renommée ? On n’y est pas encore, même si comptablement, et contrairement à cette rencontre face aux Anglais, Toulon fait jusqu’ici un sans-faute.