Var-Matin (Grand Toulon)

« Les Libyens m’ont vendu ! »

Farouk, 25 ans, Soudanais

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« En , des manifestat­ions éclatent à Khartoum. Je rentrais chez moi après mon travail, quand les policiers ont arrêté des manifestan­ts. Ils ont interpellé beaucoup de gens, et moi avec ! J’ai été menotté et ramené dans un poste de police. Puis ils m’ont jeté en prison et torturé. J’ai été condamné à deux ans de prison, sans passer par un juge, pour des dégradatio­ns que je n’avais pas commises. J’ai été transféré dans une autre prison, d’une autre ville, Halfia. J’étais frappé, attaché par les pieds... Les prisonnier­s étaient amenés à travailler dans les champs, parfois nus, depuis le matin jusqu’au soir, avec une assiette de pois chiches par jour... Au bout de trois mois, je suis parvenu à échapper à la vigilance des policiers, qui nous emmenaient travailler à bord d’une Jeep. J’ai gagné Omdourman, dans la banlieue de Khartoum, et je me suis caché dans une voiture qui part en Libye. làbas, des passeurs m’ont jeté en prison, dans la ville de Zaouïa. La traversée de la Méditerran­ée coûtait   dinars et ils m’ont fait travailler dans des fermes pour cinq dinars par jour... Je me suis enfui au bout d’une semaine et j’ai travaillé comme porteur au marché. J’ai trouvé un autre passeur, qui en fait m’a vendu  dinars à des fermiers libyens. Pendant une semaine, j’ai nourri leurs bêtes sans qu’ils me payent. Je me suis enfui à nouveau et ai trouvé un passeur soudanais qui m’a fait enfin traverser la Méditerran­ée... Je suis arrivé en Calabre et ai été amené à Milan. C’est là qu’ils ont relevé mes empreintes digitales. »

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