Conditions de travail à revoir...
« Dans tous les secteurs d’activité, les cadences s’accélèrent, les risques se multiplient, les marges de manoeuvre se réduisent, de nouveau modes de surveillance apparaissent.
Nombreux sont ceux qui ont mal à leur travail », écrit en préambule, dans son numéro de décembre, la revue Alternatives économiques (1) qui consacre un excellent dossier sur le thème du travail et des souffrances induites. Pour montrer que « d’autres organisations sont possibles », le mensuel fait le point sur la situation actuelle, en utilisant les données officielles de la Dares (ministère du Travail), soulignant que « le travail n’est pas une sinécure. Il se fait plus intensif, plus stressant, plus pénible ». Résultat : en quinze ans (1998-2013), la pression temporelle est de plus en plus forte et les salariés ont de moins en moins d’autonomie. Une étude éloquente qui pointe notamment un fait majeur : malgré les efforts technologiques, la pénibilité physique existe toujours. Pis, vient s’ajouter une pression psychologique d’une ampleur inconnue jusqu’à présent. Avec pragmatisme,
Alternatives économiques a mené l’enquête dans le secteur bancaire et chez un géant du commerce en ligne. Les journalistes se sont aussi intéressés au quotidien des agents de propreté, où « le travail – en miettes, peu payé et en horaires décalés – génère une organisation complexe avec une santé qui finit par payer les pots cassés ». Les travaux de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) « ont ainsi montré que les mauvaises conditions de travail coûteraient entre 3 et 4 % du produit intérieur brut (PIB) ». Que faire alors ? Revoir en urgence les conditions de travail dans les entreprises confrontées à un fort taux d’absentéisme et à une diminution de productivité. La revue s’est ainsi penchée sur un groupe pharmaceutique (Unither) qui « après avoir connu un pic de démissions en 2013 a revu ses pratiques de management. Avec des résultats intéressants ». Un dossier bien ficelé, bardé de références bibliographiques, qui démontre que le changement au travail passe nécessairement par « une révolution des mentalités ». Qu’on se le dise...