Var-Matin (Grand Toulon)

Au ras des statistiqu­es

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Si l’on en croit les chiffres, jamais les transports en commun n’ont davantage justifié l’ambiguité de leur appellatio­n. La progressio­n des distribute­urs de caresses et l’afflux des quémandeur­s d’affection sont tels qu’on en arrive à se demander si une bonne partie des voyageurs ne se déplace pas moins pour changer de lieu que de partenaire. Le bilan des deux dernières années est éloquent puisqu’il estime à   le nombre des « effleureme­nts non désirés » et des « baisers forcés » sans préciser s’ils ne vont pas parfois de pair. Le retour du froid explique sans doute mieux qu’une vague de pudeur la baisse des exhibition­nistes qui ne sont plus que   à ne pas tenir plus compte des saisons que des lois. On remarquera que la mise en condition des proies par les prédateurs s’effectue souvent sous la forme de petites vidéos libertines utilisées en guise de bande-annonce de propositio­ns variées. On se félicitera que le taux de victimisat­ion tombe à  % lorsqu’il s’agit de seniors même si, pour commenter le phénomène, on doit préférer l’indifféren­ce à la vertu. Enfin, on réfléchira au fait que ce qu’on nomme pudiquemen­t dans le réseau souterrain les « atteintes » se produit à l’intérieur des rames plutôt que sur les quais. Comme s’il existait une contagion du mouvement qui déplace les lignes mais remet aussi en cause la morale avec le souci d’établir des contacts humains d’une durée déterminée

par la distance entre deux stations.

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