Protection resserrée et clarifiée du monde marin
À Nice, Le professeur Meinesz et son équipe ont élaboré une volumineuse base de données sur toutes les réserves et les aires des côtes méditerranéennes. Vers une sauvegarde réelle du littoral
Un site sort de sa réserve : www.medamp. org. Medamp comme Méditerranée Aires Marines Protégées... Une base de données impressionnante par son volume, sa richesse, mais accessible à tous, via le Net. Un inventaire minutieux, fouillé, profond du littoral marin de Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse et Occitanie. Pour que surveillance et sauvegarde des réserves sous-marines et aires marines protégées soient vraiment sur la même ligne de flottaison. Ce qui n’est pas toujours le cas. « L’État indique des surfaces immenses, mais leur surveillance et leur protection ne sont pas effectives. Mieux vaut des chapelets de petites réserves vraiment défendues. » Voilà l’argument d’Alexandre Meinesz. Le professeur émérite à l’université de Nice-Sophia Antipolis/Université Côte d’Azur, spécialiste du monde marin, vient, de mettre en ligne, avec son équipe, une véritable bible. Soit, pour les trois chercheurs passionnés(1), deux années de travail basé sur des archives du laboratoire CNRS Ecomers, additionnées, assemblées, commentées depuis 30 ans. Un rapport abyssal et complet nourri de centaines de tableaux et graphiques, cofinancé par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse et la Région Paca.
Zones à la traîne
Il y a actuellement 66 aires marines protégées ou réserves marines, parfois découpées en secteurs de réglementation spécifique : parcs nationaux (Port-Cros, Les Calanques...), parcs naturels marins (parc du Cap Corse et de l’Agriate...), réserves naturelles (Scandola, bouches de Bonifacio en Corse, réserve de Cerbère-Banyuls dans Les Pyrénées...), sites Natura 2000 (Estérel, embouchure de l’Argens, corniche varoise, rade d’Hyères...), etc. « L’État n’a défini, comme aires marines protégées, que les deux tiers des sites. Les quatorze cantonnements de pêche (Cap Roux, La Londe-les-Maures...) et les six concessions enrichies de récifs artificiels (Roquebrune-Cap Martin, Beaulieu, Golfe-Juan, Cros-de-Cagnes...) ne sont pas reconnus, alors qu’ils sont très importants. Ils ne sont pas gérés par l’agence française pour la biodiversité, mais localement, par les prud’homies de pêche, des villes, des départements, si bien que l’utilisateur de la mer ne s’y retrouve plus. » L’intérêt du nouveau site est justement de clarifier la situation : « Nous avons établi huit catégories de zones, depuis celles où toutes les formes de pêche sont proscrites jusqu’à celles où il n’y a aucune forme d’interdiction. »
Retrouver l’état naturel
Le plus important dans la protection de la vie marine ? Se rapprocher de l’état naturel : « On ne pêche plus, on ne prélève plus. Lorsque l’équilibre biologique naturel est obtenu, c’est l’effet réserve». Autrement dit, le poisson ne fuit plus, il atteint une taille plus importante et peut alors changer de sexe. La reproduction se fait correctement. Ça, c’est essentiel. En effet, la pollution est de plus en plus faible, les stations d’épuration fonctionnent bien, mais il reste encore trop de formes de pêche différentes qui se concentrent dans les 20 premiers mètres du rivage.» Or, ces petits fonds sont les zones où arrivent les oeufs et où se développent les juvéniles. Là, où il faut agir. 1. Le professeur Meinesz a mené ce travail en compagnie de ses deux collaborateurs, Daniel Garcia pour la mise en place informatique de la base de données et sa mise en ligne et Euriell Bertaud du Chazaud, qui a assuré la partie système d’information géographique.