Vers un procès en correctionnelle?
Le parquet national financier réclame un procès contre deux anciens joueurs de l’Étoile, soupçonnés d’avoir volontairement fait perdre leur équipe en 2014 au bénéfice de parieurs demeurés inconnus
Le ministère public a requis, le 5 décembre, le renvoi en correctionnelle des deux footballeurs de 35 ans pour « corruption passive en vue d’altérer le résultat de paris sportifs» et pour «association de malfaiteurs», selon une source proche du dossier. L’affaire, ressortie par L’Équipe début décembre, porte en particulier sur le match de National du 9 mai 2014. Ce jour-là, Fréjus/Saint-Raphaël, favori, s’était incliné 4 buts à 1 face au relégable Colomiers. Les raisons de cette défaite ? La « passivité anormale » du gardien de but Dominique Jean-Zéphirin, et le rôle de son défenseur central Martin Fall, directement impliqué dans trois buts, dont le premier contre son camp à la 6e minute.
Plainte pour « corruption sportive »
Outre ce scénario, si troublant que le club varois avait mis à pied dès le lendemain les deux joueurs, la société suisse de surveillance Sportradar avait mis en évidence une évolution de la cote et un volume de paris anormaux pour un tel match, effectués sur des sites à l’étranger. Le 12 mai, l’UEFA signalait ces éléments à la Fédération française de football (FFF) qui portait plainte quatre jours plus tard pour « corruption sportive ». L’enquête préliminaire ouverte dans la foulée basculait en information judiciaire en mars 2015. Les investigations « ont permis de confirmer non seulement que le résultat de cette rencontre avait été truqué, mais également qu’une tentative d’intervenir sur le résultat du match avait eu lieu lors de la rencontre précédente contre Dunkerque », relève le procureur. En garde à vue, Dominique JeanZéphirin a reconnu avoir approché des coéquipiers pour qu’ils participent à la manipulation du match. Mais le gardien affirme avoir agi à la demande de Martin Fall après avoir été menacé par de mystérieux interlocuteurs que ce dernier lui avait présentés et qui voulaient parier sur leur défaite pour l’argent. Le défenseur affirme au contraire
que Jean-Zéphirin est à l’origine des contacts avec ces personnes, non identifiées au terme de l’enquête. D’après les spécialistes de la surveillance des paris sportifs de Sportradar, l’ancien gardien de but est connu pour avoir été en lien avec Wilson Raj Perumal, célèbre truqueur singapourien de matches de foot. Joint par l’AFP, l’avocat de Jean-Zéphirin n’a pas souhaité réagir. Selon le parquet, l’enquête a démontré « l’absence d’implication des dirigeants et de l’entraîneur », et les menaces évoquées par les suspects « n’apparaissent pas crédibles ». Il appartient désormais au juge d’instruction de prendre une décision sur le renvoi ou non des deux footballeurs devant un tribunal correctionnel.