Chez les Gullo, chacun met sa pierre à l’édifice
À l’occasion des fêtes de fin d’année, Var-matin met la famille à l’honneur. Chaque jour de cette semaine, faites connaissance avec ces différentes générations, qui ont choisi de travailler ensemble
Cet après-midi-là, on les trouve la mine un peu fatiguée. La veille les Gullo ont veillé. Dans le leur showroom flambant neuf d’Ollioules, non loin du Technopole Var-matin, ils organisaient la première journée portes-ouvertes de Var ponçage. L’entreprise de cette famille toulonnaise spécialisée dans le traitement des sols et la cimenterie d’art en granite n’est pourtant pas née de la dernière pluie. Elle traverse les générations depuis la cimenterie d’art mourillonnaise de Pierre Gullo, l’arrière-grand de Manon et Loïc, les derniers représentants de ce qui est désormais à une tradition familiale. « La relève est assurée, c’est un plaisir », se réjouit Joseph Gullo, 78 ans, la main sur l’épaule de son fils Stéphane, 48 ans. C’est maintenant lui et son épouse Christine qui font tourner la boutique. Et remettent la cimenterie d’art au goût du jour. Car si aujourd’hui, les ateliers du genre se comptent presque sur les doigts d’une main dans tout l’Hexagone, il fut un temps où, ne serait-ce qu’à Toulon, la concurrence était rude : « Ici, à mon époque, nous étions une quinzaine, se souvient “papy”, on faisait soixante marches par jour, notamment dans les immeubles de La Rode. » Après un temps où l’entreprise a dû se concentrer sur la partie entretien, le granito étant passé de mode, celui-ci revient et Stéphane peut laisser s’exprimer son esprit artistique. « C’est vrai que, moi, ce que j’aime, c’est la création », note Stéphane, accoudé à une table de sa réalisation.
Plusieurs cerveaux
La tête sur les épaules et les pieds sur terre, ça, c’est plutôt, le rôle qu’endosse Christine, sa casquette d’assistante de direction en guise de couvre-chef. « Plusieurs cerveaux, c’est mieux », s’amuse-t-elle. Elle met tout en oeuvre pour que tout se déroule au mieux, en allant toujours de l’avant. «Elle défonce tout ! », lance son beaupère. Quant à ses petits-enfants, eux aussi trouvent leurs places. « On ne les a jamais forcés ! », précise Stéphane. Pas plus que son père ne l’a poussé à suivre sa trace. « C’est un métier difficile qu’il faut vraiment aimer. » Au départ, ce n’est pas forcément pour ça que Loïc, 21 ans, c’est lancé. « Je n’aimais pas beaucoup l’école », admet le jeune homme, qui a depuis apprivoisé son travail, appréciant tout particulièrement le fait que « ce n’est jamais la même chose »: « Mais surtout je voulais rester avec la famille. » Tout comme sa soeur Manon, 19 ans. En BTS, elle avait la possibilité de faire son alternance dans une autre entreprise. « Elle a choisi de venir avec nous », lance fièrement sa mère. Et la jeune fille est ravie : « Ce que j’aime, c’est être sur les chantiers avec mon père. »
Les rois de Las Vegas
Ce qui n’est pas forcément son coeur de métier. Elle, c’est plutôt la vente. Une branche vient d’ailleurs d’être créée en ce sens : « Nous vendons désormais des machines et des produits spécifiques pour l’entretien des sols en granito. » Chez les Gullo, chacun fait ainsi évoluer l’entreprise en fonction de ses sensibilités, de ses envies. Mais surtout, travailler en famille – ils vivent par
ailleurs tous ensemble – leur permet de vivre des moments hors du commun. Stéphane et Christine se souviennent de ce voyage hors norme pour un salon à Las Vegas, aux États-Unis. Pourtant, dans la mémoire familiale, c’est un chantier en Corse, du côté de Propriano, qui reste gravé : « On était tous les quatre, on dormait dans des tentes. On avait même fabriqué une douche. Tous les matins on pêchait ! »Un bonheur simple et plein de rires. À l’image du clan.