Le proviseur fait ses adieux au lycée Rouvière
Yves Ulm a fait valoir, en présence de la communauté éducative, ses droits à la retraite, refermant le livre de l’Éducation nationale qu’il feuillette depuis 1981
Il ne fera pas la rentrée de janvier. Quatre ans après être arrivé à la tête du lycée Rouvière, Yves Ulm, tire, en cette fin d’année, sa révérence. Il y a quelques jours, en présence de la communauté éducative, ce père de trois enfants a mis un point final au dernier chapitre d’un livre ouvert il y a trente-six ans, au sein de l’Éducation nationale. Professeur d’éducation physique, il a pour la première fois exercé son enseignement, en Guadeloupe de 1982 à 1988. Entraîneur de natation, puis moniteur d’escrime, il a porté, dans le cadre de championnats scolaires, ses élèves au plus haut niveau. Il se souvient, non sans fierté, de cette collégienne minime, Laura Flessel, qui deviendra plus tard l’épéiste quintuple médaillée olympique et aujourd’hui ministre des Sports.
Les valeurs du sport
Sa première fonction de chef d’établissement, il l’a occupée dès 1988 en Lorraine. Il a toujours cultivé les deux qualités, essentielles selon lui, qui permettent de faire la passerelle entre l’enseignement de l’éducation physique et le poste de chef d’établissement : « Le sens du contact et celui de l’organisation.» Cet Alsacien d’origine a ainsi obtenu son premier poste de proviseur en 2007 à Ugine en Savoie dans un lycée général et technologique, avant de rejoindre, en 2010, le lycée du Golf Hôtel à Hyères, puis, quatre ans plus tard, le lycée général et technologique Rouvière. Tout au long de sa carrière de chef d’établissement, le sport et les valeurs qu’il véhicule lui ont servi de fil conducteur. Il importe que «l’institution accompagne les jeunes, explique convaincu Yves Ulm. Celui qui fait du sport prend une mentalité de battant.» «Lorsque je suis arrivé au collège de Beaufort, en 1992, dans un petit village de montagne, nous avons créé une section sportive de ski. Deux ans après, nous étions aux championnats de France. Quelques années après, nous sommes allés aux Jeux olympiques de Turin pour voir une de nos élèves qui a été médaillée de bronze en relais biathlon, Delphine Peretto », se souvient-il. Au collège d’Albertville, à partir de 2002, il a ouvert une section escalade. Cette passion pour le sport, notamment le haut niveau, il l’a aussi apportée au lycée Rouvière dans le cadre du partenariat avec le RCT associations.
Les temps forts
Son plus beau souvenir ? « Des temps forts, nous en avons dans chacun des établissements, notamment à Rouvière pour son dynamisme et où les projets foisonnent », dit-il. Mais l’un de ses souvenirs les plus marquants lui vient de ses six années au collège de Beaufort. Un établissement de 280 élèves avec un internat, où, en tant que principal, il a noué un solide partenariat avec les acteurs de la vie locale et les familles. « C’était tout un contexte, je n’avais pas d’adjoint, de conseiller principal d’éducation… », sourit-il. Un autre souvenir bien présent lui vient de son passage en Polynésie de 1998 à 2002 : un groupe d’élèves était parti représenter Tahiti à la foire de SaintBrieuc. « Ils n’avaient jamais quitté l’île. Ils avaient été impressionnés par la vitesse du TGV. Mais ce qui les avait le plus choqués c’était la marée », se souvient Yves Ulm. En métropole, il se souviendra aussi de ce téléthon hyérois : les élèves du lycée du Golf-Hôtel avaient réalisé la plus longue bûche de Noël du monde (350 mètres). Et même si «une semaine après, on était battu par les Chinois», ce fil rouge mémorable, à l’Espace 3000, avait permis de collecter 4500 euros au profit du téléthon.
L’hommage
Le souvenir d’un moment chargé en émotions sera aussi l’hommage rendu par les 1 350 lycéens de Rouvière réunis sur l’esplanade avec les professeurs au lendemain des attentats de Paris, entonnant, après la minute de silence, La Marseillaise. Outre le lien avec les jeunes, Yves Ulm a su aussi « nouer de bons contacts avec les représentants des collectivités qui [lui] ont permis d’en faire profiter l’établissement en communicant cette envie de réaliser quelque chose ». Une envie qu’il a mise au profit de lycées généraux et technologiques en tirant les élèves vers le haut. À trois mois de la fin des travaux de rénovation de l’établissement – « 94 réunions de chantiers ! » –, Yves Ulm peut refermer le livre de l’Éducation nationale et ouvrir, en famille, celui des voyages qu’il affectionne tant. Il peut partir« confiant pour les élèves » tout en étant conscient que « la mission des personnels et des enseignants s’élargit de plus en plus ».