En trente ans, le chantier naval de La Ciotat a été transfiguré
Les portiques de levage surplombant le port étaient voués à la ferraille en 1987. Aujourd’hui, les porte-conteneurs ont été remplacés par les yachts de luxe mais les salariés sont toujours là
Dix-neuf décembre 1987. Le Monterrey était le dernier bateau à quitter les cales du chantier naval de La Ciotat, promis à la casse. Trente ans après, les porte-conteneurs ont été remplacés par les yachts de luxe et la ville revit grâce à la haute plaisance. Coulée par la concurrence asiatique, la Normed (Société des chantiers du Nord et de la Méditerranée) était exsangue. Les portiques de levage surplombant le port étaient voués à la ferraille et les promoteurs lorgnaient sur les 36 hectares de terrain désertés, rêvant de complexe touristique et de marina.
« Travaux de carénage et de relooking nécessaires »
Fin 2017, le chantier naval est toujours là, grâce aux « 105 » de la CGT, qui ont occupé le site jusqu’en 1994. Mais les 3 500 salariés de 1987 ne sont plus que 700, au sein des 36 entreprises réunies sur le domaine, géré par La Ciotat Shipyards, nouveau nom de la société d’économie mixte chargée de relancer le site. Et les ouvriers et ingénieurs ne construisent plus de pétroliers, de méthaniers ou de porte-conteneurs : ils s’affairent, en gants blancs ou presque, autour des palaces flottants des milliardaires. « Ici, on ne construit plus ou presque, on fait surtout de l’entretien ou du “refit”, ces travaux de carénage et de relooking nécessaires quand un yacht est rénové », explique
Jean-Yves Saussol, directeur général de La Ciotat Shipyards. Résultat : un chiffre d’affaires global de 120 millions d’euros, avec quelque 100 yachts de plus de 50 mètres en escale à La Ciotat cette année.
« D’ici cinq ans, nous visons un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros, et 900 salariés de plus », ambitionne Jean-Yves Saussol, soulignant que le coût de maintenance annuel d’un yacht correspond à 10 % de son prix d’achat.