Var-Matin (Grand Toulon)

L’univers déjanté de Patrick Moya à la galerie Lympia à Nice

L’artiste niçois bien connu pour sa brebis Dolly et son monde virtuel, le Moya Land, dans Second Life, se dévoile au gré d’une exposition sur le port de la capitale azuréenne

- AXELLE TRUQUET

Crâne lisse, lunettes rondes vissées sur le bout du nez, Patrick Moya se concentre. Feutre à la main, il dessine une petite Dolly sur une carte postale. Autographe à l’un des premiers visiteurs de son exposition à la Galerie Lympia. Le Niçois d’adoption – Troyen de naissance – est le deuxième artiste (après Giacometti cet été) à s’approprier cet ancien bagne, réhabilité par le conseil départemen­tal des Alpes-Maritimes. Jusqu’au 11 mars 2018, ses brebis roses, son avatar virtuel et son grain de folie campent dans cet espace niché au bout du port de Nice. Près de l’embarcadèr­e… En route pour un voyage coloré – et un peu barré – au pays de Moya. « Cette exposition est un peu une intro-rétrospect­ive de mon oeuvre. C’est Florence Canarelli (la curatrice de l’expo, Ndlr) et Franck Michel mon galeriste qui m’ont aidé dans la scénograph­ie… Enfin, qui m’ont canalisé à vrai dire », confesse l’ineffable artiste. Le cas Moya dresse un amusant parallèle avec la psychanaly­se. Presqu’une évidence pour un bonhomme qui a mis son nom – le nom du père –, son moi, son surmoi et plus encore au coeur de son travail. Moya est partout : des premières esquisses aux grands tableaux et surtout dans le monde virtuel de Second Life (1). Làbas, il y a bâti son île, dans laquelle il vous propose volontiers de vous emmener. «Venez, je vous ferai faire une visite guidée. Et si je ne suis pas là, il y a une personne à l’office de tourisme de Moya Land. Vous verrez l’aéroport, le musée et… la tour Moya ». Un édifice reproduit IRL (In Real Life, dans la réalité) en métal mais en modèle réduit.

De cathodique à catholique

La technologi­e fascine Moya. « Au début de ma carrière, je voulais utiliser le média le plus nouveau, celui qui allait transforme­r le monde, c’était la télévision. C’est le médium qui change la société, pas ce que l’on dit. C’est pour ça que je répétais que Guy Lux était le plus grand artiste.» Après la période cathodique, le visiteur découvre un côté plus catholique avec une grande crèche faite des personnage­s « moyesques » (les Rois mages seront ajoutés à l’Épiphanie pour respecter le calendrier). On poursuit la visite jusque… dans la chambre de Moya. Fatras de peinture, de livres, de disques. « Vous voyez, je suis plus Chantal (Goya) que Francisco (De Goya) », lance-t-il à l’adresse du parterre d’invités, officiels en tête lors du vernissage. Il a même entraîné le président du conseil départemen­tal Charles-Ange Ginésy et Eric Ciotti dans les toilettes pour leur montrer… l’inscriptio­n AYOM : « Comme ça, vous voyez Moya apparaître lorsque vous vous regardez dans le miroir» (quand on vous dit qu’il est partout !). 1. Second Life est une simulation virtuelle de société aussi appelée «métavers» (méta-univers). Le programme propose de « vivre une seconde vie » dans un monde recréé en 3D. Ce territoire virtuel est confié aux «résidents» (les utilisateu­rs du programme) qui peuvent acquérir ou créer du contenu (bâtiments, véhicules, vêtements…).

 ?? (Photos Frantz Bouton) ?? Patrick Moya et son avatar dans Second Life. C’est d’actualité : la crèche vue par l’artiste. Les animaux formés par les lettres composant MOYA. En arrière-plan, le travail mené par l’artiste autour du thème du cirque. Il a plusieurs fois dessiné...
(Photos Frantz Bouton) Patrick Moya et son avatar dans Second Life. C’est d’actualité : la crèche vue par l’artiste. Les animaux formés par les lettres composant MOYA. En arrière-plan, le travail mené par l’artiste autour du thème du cirque. Il a plusieurs fois dessiné...

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